mercredi 13 juillet 2011

TGV ET TRAM À DIJON : LA VILLE SUR RAILS


Le TGV en gare de Dijon



Les anniversaires du rail se suivent et se ressemblent en cette année 2011. Il y aura en effet 50 ans le 1er décembre prochain que circulait le dernier tram dijonnais, le « 1/6 », et chacun put ce jour-là circuler gratuitement une dernière fois dans le vieux « train de ville » grâce au ticket gratuit offert par Le Bien Public. Un anniversaire d’autant plus intéressant qu’il coïncidera avec la fin de la mise sur rails du nouveau tram dijonnais encore en construction.

Et puis voici le 30° anniversaire du TGV ! Personne n’oubliera ce jour de soleil où les élus de Bourgogne, les chefs d’entreprise et un président de la République nommé François Mitterrand embarquèrent gare de Lyon à Paris pour une promenade à plus de 300 km/h jusqu’à Dijon. Emotion : il y avait même à bord le chef d’orchestre Lorin Maazel qui trouvait que la musique de ce train révolutionnaire sonnait comme un « la » que jouerait un violon en sourdine.

Étaient aussi présents, tous barbus, tous nouveaux députés depuis trois mois à peine, les élus de la « chambre rose » qui avait suivi l’élection présidentielle du 10 mai, notamment Hervé Vouillot, Roland Carraz... et (déjà) François Patriat sans barbe, lui.  Conçu sous Giscard, mais inauguré par son successeur, le TGV avait alors battu le record du monde de vitesse entre Paris et Dijon et tous se turent au moment où le conducteur annonça qu’on venait de franchir la barrière des 300 km/h : un silence éloquent et inoubliable.

Il est clair que ces anniversaires nous rappellent la dette énorme que Dijon doit au rail. Sans le PLM passant, grâce à Henri Darcy, par le tunnel de Blaisy, la ville ne serait jamais sortie de la torpeur provinciale dans laquelle elle baignait depuis Napoléon 1er. Le rail l’a sauvée, comme il la sauve aujourd’hui alors qu’elle devient le cœur ferroviaire de l’Europe, le TGV Rhin-Rhône lui promettant d’être le passage obligé de la grande ligne Francfort-Barcelone…

Les rails du tram en construction avenue du Drapeau


Quant au tram, il prolongera en ville cette image d’une cité ferroviaire. C’est Henri Vincenot qui doit se réjouir, lui qui regarde désormais la cité ducale depuis les étoiles de Compostelle. Quant au vieux Tremblot, il se réveillera en chacun de nous le 1er décembre quand, on l’espère, monsieur le maire nous invitera à monter dans le tram nouveau, au moins sur un court tronçon.

Michel HUVET


dimanche 10 juillet 2011

OTTO DE HABSBOURG : LA MORT DU DUC DE BOURGOGNE

Karl et Otto de Habsbourg siégeant au Parlement européen



Il incarnait la liberté, il incarnait l’Europe, il incarnait l’espoir de paix. Otto de Habsbourg était, certes, le fils aîné du dernier empereur régnant d’Autriche, le chef d’une Maison qui a tenu fermement l’Europe en mains pendant des siècles mais aussi le descendant … des ducs Valois de Bourgogne.

Car enfin, a-t-on oublié que Otto de Habsbourg descend en ligne directe de … Philippe le Bon (dont la petite fille, Marie, épousa Maximilien de Habsbourg, futur empereur romain germanique, grand père de Charles-Quint), le fondateur de l’Ordre de la Toison d’or dont il n’a jamais oublié son idéal européen et pacifique.

C’est ainsi qu’en 2007, pour la Saint-André, Otto et son fils Karl, devenu grand maître de l’Ordre toujours vivace, sont venus à Dijon : le vieux prince voulait absolument renouer avec la capitale ducale où Philippe-le-Bon installa en 1430, dans la Sainte-Chapelle de Dijon, le premier chapitre de l’Ordre. Et l’on vit défiler à nouveau, de Notre-Dame au palais ducal, collier au cou, ces chevaliers contemporains qui étaient venus de toute l’Europe prier saint André.

Lors de ce séjour, qui avait été longuement préparé par son fils Karl, Otto fit des apparitions au château du Clos-de-Vougeot, s’en vint sous le chapiteau du Salon du Livre raconter comment il avait résisté au nazisme et combattu l’Anschluss, et comment, devenu député européen il avait relancé tous azimuts l’idéal des ducs de Bourgogne pour une Europe unie et pacifique.

Otto de Habsbourg reçu par le pape Jean-Paul II à Rome


Devant l’archevêque de Dijon, devant son père Otto et les chevaliers de l’Ordre, Karl de Habsbourg s’adressa à la population de Dijon comme en son temps son « grand-père » Philippe le Bon :

« Quand le fondateur de l’Ordre, Philippe le Bon duc de Bourgogne, a donné ses règles à l’Ordre de la Toison d’or, il a mis deux idées pour le commencement : d’un côté, bien sûr, la protection, le support de la foi, la protection de la sainte Église catholique ; mais de l’autre côté, bien sûr aussi, la création d’une institution politique dont la plus importante tâche sera de protéger et de créer la paix entre les différents pays, de créer une institution qui sera extraterritoriale – qui comptait parmi les chevaliers de l’Ordre des souverains des différents pays qui étaient dans la région. De créer avec cela, vraiment, une région de la paix, une région qui a commencé avec le développement de la Renaissance et qui a commencé vraiment avec le vrai développement de l’Europe comme nous le savons aujourd’hui ».

Otto vient de mourir à l’âge de 98 ans. La Bourgogne, l’Europe, ne l’oublieront pas.

Michel HUVET

mercredi 6 juillet 2011

LE REGARD DE MOZART ENFANT


Trop d’information tue l’information. Cette fois, dans l’esprit des gens, tout se mélange : la princesse monégasque qui ne veut plus épouser son prince déjà trois fois papa adultérin, la romancière TB qui porte plainte contre l’avis de sa mère qui finalement est d’accord, l’ancienne championne de natation synchronisée qui devient directrice générale du FMI et a dû signer un code de déontologie avant d’entrer en fonction, le titulaire de l’Elysée qui se tait pour ne pas déranger, probablement, son épouse enceinte…

Il faut prendre du recul, tenter de réapprendre à écouter le silence, à entendre enfin les voix secrètes qui sont en nous, à nous reconstituer une intimité que le monde actuel rend tragiquement désuète. L’information qui nous enferme aujourd’hui comme les quatre murs d’une cellule de détention est d’abord, désormais, de la désinformation. La manipulation est derrière elle, la pousse et la mutile, la déforme et la salit.



Les vacances devraient être une occasion à ne pas manquer de souffler un peu, de laver nos regards, de désencombrer notre esprit malade de publicités et d’informations contradictoires. Un temps pour prier. Un temps pour écouter un des derniers quatuors de Mozart. Regarder, par exemple, ce regard triste et profond de Mozart enfant (7 ans) tel que Greuze le peignit à Paris, chez leur ami commun le baron Grimm, en 1763.

Oui, un temps pour relire Victor Hugo ou Baudelaire. Un temps pour réentendre la voix de l’art, dans un musée ou une exposition, un concert ou une promenade en forêt.

Un temps pour réapprendre à aimer.

Michel HUVET