vendredi 29 mars 2013

CÔTE-D'OR : CES ÉLUS RURAUX QUI COURENT À LA VILLE




François Sauvadet président du conseil général de la Côte-d'Or
(Photo Infos Dijon)
En prenant la tête de la rébellion contre le redécoupage cantonal et la modification de la loi électorale, François Sauvadet veut défendre les cantons ruraux, tenter de sauver ce qui reste de la vie démocratique en zone rurale. C’est beau et juste. Il y met toutes ses convictions et on sait qu’il ne ment pas, lui le fils de paysan de Chanceaux. Seulement voilà, son projet de loi risque d’être retoqué par le conseil constitutionnel,  au motif vraisemblable qu’une loi votée par l’Assemblée et le Sénat ne saurait être censurée : les élus incarnent la légitimité, et si un seul parti a la majorité, c’est la faute des électeurs et d’eux seuls !

Il n’empêche que la modification probable de la loi électorale fait que s’agitent aujourd’hui bien des conseillers généraux, d’ici et d’ailleurs : ces projets de réforme électorale leur cassent le cou. Voilà donc les élus cantonaux qui sortent du bois et montrent qu’ils existent, quitte à renier leur territoire. Pourquoi croyez-vous qu’on voit ainsi frétiller, en Côte-d’Or, ces tenants de bastions cantonaux ? Parce qu’ils craignent d’être dépossédés de leur rente, à tout le moins de voir leur canton rayé de la carte puisque deux cantons actuels n’en feront plus qu’un demain et qu’en plus les élus devront les partager avec une femme, oui, une femme !

Claude Vinot (photo X)
Et voilà pourquoi montent sur la scène des municipales, dans une grande ville comme Dijon, et en avant-première, des élus ruraux que la ville connaît à peine. À l’instar d’Emmanuel Bichot (UMP), élu de Beaune Sud, dont l’avenir beaunois est bouché par la position dominante d’Alain Suguenot (député maire de la sous-préfecture) et qui s’est mis en tête de venir contester la mairie de Dijon à François Rebsamen. Pareil aussi pour le sénateur Alain Houpert, élu du moins peuplé des cantons de Côte-d’Or (Grancey-le-Château) et qui, natif de Dijon, travaillant à Dijon, a soudain la même ambition. On a même vu se présenter en soutien d’Emmanuel Bichot, un conseiller général lointain, Claude Vinot (Montigny-sur-Aube) qui, tout-à-coup, se verrait bien adjoint au maire de Dijon !

La valse urbaine des ruraux ne fait que commencer. Même François Sauvadet, cramponné à son fief de Vitteaux, sent trembler ses bases en se disant qu’il va lui falloir partager la terre avec Précy-sous-Thil. Et que ce système de binomes par grands cantons va forcément mettre en péril sa présidence du conseil général qui n’aura plus rien de général puisque la loi le transformera en conseil départemental. Quel changement, quelle valse, que d’émois !


Cela me rappelle le tohu-bohu déclenché en son temps par le ministre Jean-Pierre Chevènement qui, au congrès des présidents de départements à Deauville, annonçait déjà la mort du-dit conseil général et son remplacement par une assemblée des communautés de communes, aïe, aïe, aïe ! Si l’on a bien compris ce qu’a dit l’autre soir le président Hollande, c’est même la mort des départements qui serait programmée, les métropoles devenant seules toutes puissantes.

Dans tout ce remue-méninges, on ne sait qui a tort ou raison. On regarde s’agiter les poissons élus dans le bocal politique avec un certain sourire au coin des lèvres : la France, décidément, n’est pas réformable.

Michel HUVET


mercredi 6 mars 2013

MUNICIPALES EN CÔTE-D'OR : LES OPPOSITIONS S'ÉCHAUFFENT



Cette fois c’est parti et ça va être chaud, chaud, chaud.

Après les déroutes subies au cours des dernières élections – surtout la présidentielle et les législatives –, la droite se rebiffe et dans bien des villes de gauche sonnent les trompettes des assaillants. Mais à gauche, c’est presque itou : les maires PS ou radicaux sentent monter le vent de la contestation depuis leurs propres rangs, comme si de vieux clivages et de vielles rancunes s’étaient réveillées dans le froid de l’hiver.

Quelques villes valent que, d’ores et déjà, on s’y arrête.


Laurence Porte
Fabienne Lepy
À Montbard, c’est presque comme à Paris, une histoire de femmes. Pour déloger Christelle Silvestre, maire PS, elles sont déjà deux à s’entredéchirer. Mais on sait que si Fabienne Lepy, qui est maire d’Eringes, a de l’étoffe, sa rivale Laurence Porte a pour elle le soutien de l’UDI François Sauvadet, ce qui n’est pas rien, et l’avantage d’avoir failli faire trébucher Robert Grimpret lors des élections cantonales. On sait bien que Montbard est, par tradition, une ville de gauche, très longtemps communiste, mais les temps ont changé et Michel Protte a prouvé en son temps que c’était gagnable par la droite.



Pierre Jacob (UMP)
Roland Ponsaa (PS)
À Chenôve, tout va bien ? Pas si sûr. La ville, très à gauche comme toute la circonscription, a néanmoins une opposition de plus en plus solide, Pierre Jacob (UMP) s’y entendant comme personne pour déstabiliser une majorité socialiste… qui se lézarde doucement au fil des projets du maire, Jean Esmonin (centre culturel, nouveau centre-ville, etc). On murmure à Chenôve que le maire et son premier adjoint, le conseiller général Roland Ponsaa, ne s’adressent plus la parole et que le second mijoterait une liste contre lui aux municipales. Chenôve retrouverait alors le clivage républicains-socialistes qui avait marqué la ville après le décès de Roland Carraz.


Louis Legrand
À Chevigny-Saint-Sauveur, la mort de Lucien Brenot a lézardé là aussi une majorité confortable. L’excellent et très convivial Michel Rotger – qui fut jadis conseiller du sénateur Michel Sordel à Châtillon-sur-Seine – a été élu au fauteuil de premier magistrat par défaut autant que par sympathie. Lui seul pouvait réunir les voix de ceux qui se regardent en chien de faïence ou qui ont fait leur temps et ne veulent pas qu’on le leur dise. Les batailles législatives perdues d’Anne-Marie Beaudouvi (2007, plus de 43 %) puis de Pascale Caravel (près de 47%), toutes deux adjointes à l'époque, ont laissé des traces. Et Louis Legrand, premier opposant, a bien lu : tant à la présidentielle qu’aux légilatives, c’est bien la gauche qui l’a emporté à Chevigny, c’est dire combien le malaise est grand à droite.


Et Dijon  ? Alors là, c’est le grand réveil d’une droite aphone et sans réflexe depuis le départ de Robert Poujade en 2001. Le PS François Rebsamen a fait ce qu’il a voulu, comme il l’a voulu. Et il a, du coup, mis à part l’endettement, un sacré beau bilan qui devrait pouvoir lui assurer l’année prochaine un troisième mandat. Si sûr que ça ? Certains, dans ses rangs, s’agitent un peu et toussottent dans leur coin. Les petits sous, un adjoint au violon, l’économie fragile, les travaux insupportables assombrissent un horizon tout rutilant.
Alain Houpert
Et la fuite du premier opposant, François-Xavier Dugourd, a changé la donne. Voilà qu’à droite, on rêve, depuis les gaullistes sociaux jusqu’aux franges du FN, c’est la quasi-union – la candidature d’Emmanuel Bichot restera fantaisiste, d’autant que Louis de Broissia, en statue du commandeur, l’a dégonflée illico – autour du sénateur (rural mais paradoxalement très dijonnais) Alain Houpert qui aura l’investiture de l’UMP et à qui Laurent Bourguignat a déjà fait allégeance. Un discours très humain, hors politique politicienne, une campagne de terrain plus que de meetings, et voilà que la mairie pâlit et se paie des sondages à tire-larigo.

Dans cette capitale régionale à l’enjeu si important – “Qui tient Dijon tient la Bourgogne” disait Jean-Pierre Soisson –, l’annonce de listes marginales, mélanchonistes ou lepénistes, peut évidemment troubler des eaux pourtant bien calmes depuis douze ans.

Michel HUVET