mercredi 18 septembre 2013

DIJON : NEZ EN L'AIR POUR LE SOUVENIR



Cherchez cette plaque, quelque part sur une façade de la rue de la Liberté

Au risque de plaies et de bosses, car on ne regarde plus où l'on met les pieds, j’aime flâner dans les rues des villes le nez en l’air. Je guette en effet les plaques commémoratives accrochées au flanc de vieilles demeures. Je sais ainsi qu’on peut apprendre l’Histoire, rendre aussi très présents, très vivants, les hommes ou femmes qui furent illustres en leur temps comme au nôtre (Victor Hugo en tête) ou qui ne le sont plus depuis des lustres (Eugène Spüller, Louis Dietsch, Pelletier de Chambure, pour citer quelques rues de Dijon qui portent ces noms).

À Paris, c’est une fête ! il y en a partout ! Je garde toujours dans le coeur cette petite plaque sur les quais de la Seine, tout près de l’Institut, où l’on apprend qu’ici mourut Voltaire. À Dijon, c’est pareil, je ne peux passer rue Vaillant sans lever les yeux vers la presque illisible plaque, tout au-dessus d’un haute porte cochère, qui nous rappelle que Jean-Philippe Rameau naquit dans une petite maison (disparue) dans la cour où conduit cette porte, d’ailleurs toujours ouverte pour laisser le passage aux clients d’un laboratoire d’analyses médicales.

Tant de plaques, aussi, à Dijon ! En évoquant plus haut Louis Dietsch, musicien du XIX° plus illustre pour ses démêlés avec Wagner que pour sa musique sacrée, je songeais bien sûr à la plaque de la rue Jean-Jacques Rousseau qui rappelle qu’il naquit par là, tout près d’une petite rue à laquelle il a aussi donné son nom. Plaques variées, plaques usées, plaques vieillies et que plus personne ne regarde, sinon distraitement… On se dit que l’habitude d’en disposer risque de disparaître, les personnes ne naissant quasiment plus dans leur maison familiale.

L’actuelle municipalité dijonnaise a, elle, le goût des plaques. Avec un souci parfois politique, elle a ainsi rendu hommage au maire socialiste des années 1900, au régiment qui libéra Dijon, et même à deux écrivains russes de haut rang, Tourgueniev et Tostoï, qui passèrent à Dijon une petite semaine en mars 1857 dans l’hôtel de la Cloche alors sis rue de la Liberté qui ne s’appelait pas encore ainsi. La plaque est assez haute, levez donc bien la tête pour la voir non loin de la Porte Guillaume et tout près de notre vieille Lib de l’U.

Bossuet : la plaque est redorée, la maison, elle...
La vielle coutellerie est fermée malgré elle...


Enfin je voudrais évoquer Bossuet. Je sais bien que le grand orateur (et précepteur du jeune Louis XV) a sa statue sur la place qui porte son nom – encore que l’on sache que c’est l’évêque Le Nordez (à qui la France doit en partie sa loi sur la laïcité) qui a servi de modèle – mais la maison où il naquit fait peine à voir. La plaque est sise au fronton d’une très vieille bâtisse occupée depuis très longtemps par une coutellerie. Et si l’on s’en approche, on peut lire sur la porte que l’établissement est fermé “contre le gré” des occupants qui s’en avouent fort marris.

Ces plaques à rénover ces maisons à restaurer, voilà de quoi nourrir un programme culturel pour les candidats aux élections municipales de mars prochain, ne croyez-vous pas ?

Michel HUVET

mardi 10 septembre 2013

DIJON : MUSÉE "RÉVÉLÉ", PALAIS OUBLIÉ



"Pleurants, deuillants" de Michel Lagrange avec les photos de Pierre Beros

Ce nouveau musée dijonnais est réussi. Il est beau. Les oeuvres médiévales ont retrouvé un écrin digne d’elles et de la fabuleuse histoire de la Bourgogne. Et Sophie Jugie aura réussi à tenir à bout de bras un musée dont elle n’ignorait rien du prestigieux passé et dont elle est aujourd’hui la directrice enfin comblée. Oui, tout cela est génial, magnifique, et le bar de la cour de … Bar est aussi le bienvenu, etc, etc.

On nous dit révélation, musée “révélé”. C’est vrai que, depuis les lamentations de Pierre Quarré, celui qui était selon ses dires “le premier musée de France après le Louvre” await bien été rétrogradé. La Donation Granville a, un temps, fait illusion, mais le mal était fait : dans ce palais ducal, le musée étouffait et ses plus riches collections dormaient dans ses caves. Grâces soient dont rendues à François Rebsamen et ses communicants, qui ont su priver les Dijonnais des pleurants des tombeaux ducaux en les consolant par la vision des foules qu'ils ont réunies aux USA et dans l’ancienne Bourgogne “d’en haut”.

Du coup, on entend moins les grincements de tiroir-caisse des commerçants de la rue de la Liberté, on s’accommode tant bien que mal de la disparition des pavés de la cour de Bar, on oublie les 2 200 euros que doit chacun des Dijonnais laissera en héritage à ses enfants pour combler la dette de la Ville, on s’incline devant les transformations survenues dans la ville de Rameau en dix ans, et on s’en va toucher la chouette près de la Maison Millière, et l’on s’apprête à défiler encore derrière la Vierge noire qui tant sauva Dijon.

Le Palais ducal avant la Révolution française


Et voici qu’on tombe, tout à fait par hasard, sur une gravure représentant le palais ducal au temps de Louis XV. La statue du roi est sur la place, se dressant devant la tour qui tant défia la royauté trois cents ans plus tôt. Une porte immense protège l’entrée du palais à droite et cache la façade de Saint-Michel. Quant à l’aile actuelle du musée, elle est encore flanquée de tours à escaliers qu’on enlèvera bien vite en même temps que … la Sainte-Chapelle (aujourd’hui grand-théâtre et place Rameau) que les raisonneurs montagnards décidèrent de démolir au début de l’Empire.

Dijon semble ne pas changer. Et pourtant…

Michel HUVET


mercredi 4 septembre 2013

MUNICIPALES CÔTE-D'OR : LA DROITE PILONNE LA GAUCHE

François Sauvadet et François Baroin à Vitteaux 


Il a fallu la fête de la Rose à Frangy-en-Bresse pour que se mette en place la fête des Bourguignons à Vitteaux. François Sauvadet, désormais seul grand leader de la droite républicaine en Bourgogne, a réussi son coup et lancé la campagne des municipales tout en parlant des territoires, de leur sauvegarde, et tout en laissant François Baroin – bourguignon par une branche de sa famille qui a toujours pignon sur campagne à Ourroux-en-Morvan – raccrocher la branche gaulliste de l’UMP au déterminant mais petit arbuste centriste.

Ainsi se sent-on en ordre de marche. La campagne des municipales commence cette fois pour de bon. Les maires des villes d’à peine plus de 1 000 habitants scrutent la nouvelle loi électorale avec des yeux effarés : comment s’y prendre avec des listes bloquées en n’oubliant pas de respecter la parité hommes-femmes ? À Vitteaux, il fallait voir tous ces hommes et femmes de droite cherchant auprès des “grands” un encouragement à leur conquête des villes de gauche : on pense à Laurence Porte à Montbard, à Jean-Philippe Morel à Longvic, à Pierre Jacob à Chenôve, à Catherine Sadon à Semur même si cette ville est encore à droite, comprenne qui pourra.

Edouard Cavin (FN) candidat à Dijon (Photo Infos-Dijon)

On pense aussi au fabuleux trio qui, à Dijon, veut à tout prix déboulonner le seigneur dijonnais François Rebsamen. Oui, trio, d’abord parce que les Umpistes Emmanuel Bichot et Alain Houpert ne sont toujours pas départagés par les instances nationales et continuent de se concurrencer à coups de communiqués, ensuite parce que le troisième larron (FN) a fait irruption dans le débat au début de l’été et qu’il a la dent dure. Les deux premiers attaquent sur la désolation du foyer Sadi-Carnot ou le coût des impôts locaux, le troisième (Edouard Cavin) dénonce une insécurité galopante.

Pour François Rebsamen, qui a bien connu le père d’Edouard, Charles, au conseil régional, le risque est-il si grand ? L’arrivée du FN est nouvelle à Dijon et peut le servir dès le premier tour si … lui-même a fait l’unité (avec les Verts et le Modem) dès le premier tour. Dans le cas contraire, bonjour la triangulaire.

Michel HUVET