mercredi 30 avril 2014

VALLS : LE PACTE VALAIT BIEN UNE MESSE



Tout le monde a l’air de s’étonner de ce qui se passe en ce moment à l’Assemblée nationale. Depuis Dijon, où l’on regarde d’abord comment se comporte le ministre de l’Emploi, on se frotte les yeux devant les élucubrations des éditorialistes qui ne voient, dans le vote du pacte, qu’une demi-victoire pour Manuel Valls et un quasi-enterrement pour François Hollande. On se pince. Comment peut-on être à ce point sans raison, la proie des idées toutes faites, le bon chic bon genre de l’idéologie politique parisienne, les déliquescents suivistes des députés baveurs ?

Car le moment est historique : enfin la France sortirait des querelles systématiques entre la gauche et la droite, enfin la fameuse ligne rouge serait franchie ! Ce que nos amis allemands pratiquent depuis longtemps dès que leur pays est en crise grave – cela s’appelle coalition – serait-il enfin en train de se produire au pays des coqs gaulois ? Si cela est, chapeau à Manuel Valls. Car enfin, il a osé se couper d’une fraction de la gauche incantatoire de son parti (Marie-Noëlle Lienemann avait les larmes aux yeux en s’abstenant) et il est parvenu à mordre sur tout ou partie de l’UDI, attrapant même au passage quelques élus UMP.


Une telle secousse valait bien la messe à laquelle le Premier ministre a assisté dimanche dernier à Rome, même aux prix de sifflets imbéciles d’une droite extrémiste qui ne comprendra jamais rien à rien. Le fait est quand même là : voilà le Modem et ses catholiques décomplexés qui trouvent en Manuel Valls de quoi se requinquer et rendre un peu d’espoir à l’énorme électorat bayrouiste de 2007, voilà l’UDI qui en marre de jouer les strapontins de l’UMP – seul ou presque François Sauvadet ne franchit pas la ligne et poursuit ses incantations anti-gauche – et voilà que l’Assemblée se souvient enfin que les élus l’ont été par la volonté du peuple dont elle s’est si fortement coupée depuis quelques lustres.

Il était temps, plus que temps. La coupure entre le peuple et les élus ne faisant que s’agrandir, il fallait bien faire quelque chose. Ce pacte a été une belle occasion que Valls a su saisir. Bien loin d’enterrer Hollande, elle ne fait que le stabiliser et lui rendre un crédit devenu bien lourd à rembourser.

Michel HUVET


mardi 15 avril 2014

DIJON CENTRE : PIÉTONNISATION AU XVII° !


Projet de piétonnisation de la place du Théâtre (Photo VD)

La piétonnisation de la rue de la Liberté aura été le sujet-roi des récentes élections municipales à Dijon. Il y a ceux qui récriminent, et en tête d’iceux certains commerçants qui ne se sont pas remis de la difficile période des travaux du tram. Il y a ceux qui doutent, qui voient “moins de monde” dans la rue et sur les places alentour. Et il y a ceux qui constatent, à l’instar de la nouvelle première adjointe Nathalie Koenders, qu’on a rarement vu autant de monde dans cette rue.

Tout le monde a raison. Les changements d’habitude font plus de dégâts qu’on ne croit. Rappelez vous le place de la Libération en 2001 : le fait d’annoncer qu’on allait la vider des voitures et l’ouvrir aux terrasses des cafés avait constitué l’enjeu majeur du débat entre Jean-François Bazin et François Rebsamen, ce qui montre bien que ce sont des petits riens qui font la grandeur des élections municipales !

Que des kébabs ! 

En attendant donc que la rue de la Liberté n’ait plus comme commerces “que des kébabs” comme l’a dit récemment un ancien grand élu, on se lance dans les travaux de finition, en particulier du côté de la place du Théâtre. Et la polémique reprend de plus belle, comme on a pu le constater lors du dernier conseil municipal qu’Alain Millot, le nouveau maire, apprend à diriger avec quelques hésitations bien compréhensibles.
La place royale au XVII° 

Alors, il fait bon, parfois, se souvenir des temps anciens où la place qui n’était pas encore baptisée “de la Libération” était … piétonne. Louis XV régnait et sa statue trônait sur la place. Le reste était à disposition des piétons.  On flânait là sans crainte, on papotait, sans tram, sans bus, sans navette ! Le théâtre n’existait pas et pour cause : la Sainte-Chapelle des Ducs de Bourgogne n’avait pas encore été démolie et sa haute façade rappelait encore au Grand Condé que les puissants ducs avaient fondé là l’ordre de la… Toison d’or.

Michel HUVET


mardi 1 avril 2014

VITTEAUX : CHOPIN PAR THIERRY ROSBACH



Thierry Rosbach (Photo X)
J’ai déjà évoqué ici cette grange du prieuré à Vitteaux dont Jean-Louis et Martine Chastaing ont fait une "salle Gaveau de l’Auxois". Ils ont reçu dernièrement un pianiste hors pair, hors tradition, hors normes : Thierry Rosbach.

Un public venu de très loin l’a longuement acclamé alors qu’il venait de le mettre littéralement en transes en jouant, que dis-je en jouant, en bousculant les lois de la virtuosité et de l’interprétation, cette pièce que Chopin amena avec lui de Pologne et avec laquelle il devait éblouir l’Europe entière : l’Andante spianato et Grande polonaise.

Mais son propos, en ce samedi soir, n’était pas seulement de nous révéler l’écriture pianistique de Chopin, mais de nous le faire redécouvrir dans sa modernité intrinsèque en le confrontant au dernier des grands romantiques, Gabriel Fauré. Et là, on est resté confondus. Le 5° Nocturne de Fauré, venu après l’espiègle Barcarolle en fa dièse majeur de Chopin, ce fut un éblouissement pour les auditeurs : à peine remis des ombres de tristesse qui enluminaient le barcarolle, voilà qu’ils entraient dans les magies de timbres d’un Fauré qui relisait à sa façon le Polonais de Nohant.

Thierry Rosbach, qui enseigne au CNR de Dijon comme au conservatoire supérieur de Lyon, est aussi un improvisateur : et c’est cela le plus étonnant de son étourdissante maîtrise pianistique : quand il joue le Nocturne en si majeur de Chopin, par exemple, il nous fait découvrir l’oeuvre en train de naître, comme si Chopin, là, devant nous, s’était mis au piano pour chanter la nuit du début de printemps dans l’Auxois.

Il y a, comme ça, des pianistes qui ne jouent pas les stars médiatiques et qui se consacrent à faire partager leur passion musicale dans un cercle plus étroit et sans doute plus vrai. Thierry Rosbach est de ceux-là : cherchez à l’entendre, car il se mérite.

Michel HUVET