lundi 24 août 2015

RENÉ GOGUEY : C'EST GRÂCE À LUI QU'ALÉSIA EST BIEN À ALÉSIA !

René Goguey (Photo France 3)

René Goguey a rejoint ce ciel qu’il a tant sillonné avec son avion Robin, des plaines de Hongrie aux reliefs ibères en passant par la Bourgogne. Ce savant, cet enseignant, cet acrobate des airs, ce chercheur aura passé une bonne partie de sa longue vie à "inventer" l’archéologie aérienne et le don qu’il a fait de des milliers de documents aux archives départementales est un geste fort de cet homme généreux dont l’amitié était aussi solide que les connaissances.

"La" photo de René Goguey à Alésia

C’est pourquoi je m’étonne, oui vraiment, que lui rendant hommage dans un communiqué, le président départemental ait à peine mentionné Alésia dans les trouvailles de René Goguey. Le dit président était pourtant bien placé pour en dire plus, lui qui était vice-président de Louis de Broissia quand celui-ci lança l’idée du muséoparc, idée directement issue des fouilles de Michel Reddé qui confirmèrent les photos de René Goguey.

Témoin de cet événement, à l’époque, j’avais raconté, dans Le Bien public, la présentation du film de Philippe Fontenoy : "Comme Cluny, Alésia est donc imaginaire. Pour rendre palpable le site, le film réalisé par Philippe Fontenoy met en scène évidemment René Goguey à bord de son avion de chasse archéologique mais utilise les images de synthèse en 3D réalisées par les ingénieurs de l’ENSAM Cluny pour montrer en trois dimensions ce que les photos et les fouilles ont mis à jour."

Le camp C et les trous des poteaux ! 

De même me souvenais-je de ce jour où René Goguey, pas peu fier bien que d’une modestie sidérante, m’appela pour me faire part de la grande nouvelle de la découverte, sur les photos réalisées en lumière rasante depuis le petit avion en piqué, du camp C d’Alésia avec les lignes de fortifications de César et les trous de poteaux ! C’était le 26 juin 1990.

Je concluais ainsi l’information : "S’ensuivit une campagne de fouilles menées par Michel Reddé et décidées par le ministère de la Culture qui put clore définitivement, au moins sur le plan scientifique, la question passionnelle du vrai site d’Alésia. C’était là, et pas ailleurs, et Napoléon III avait eu raison."


Michel HUVET





mercredi 19 août 2015

AUXOIS L'ÉTÉ : TROIS CHOCS MUSICAUX


À Semur, le Dixit dominus de Haendel ...
Tandis que Dijon, sous la chaleur, est un désert culturel invraisemblable, il est des lieux où la musique, la vraie, envoie des éclairs de qualité, des grondements de foule et des orages d’émotion : c’est l’Auxois. Trois rencontres éblouissantes, à titre d’exemple.

Semur

Semur, la perle, la ville historique qui sait vivre au présent. Une basilique pleine à craquer. C’est le dernier soir des "Musicales en Auxois", et Franck-Emmanuel Comte, le génial enfant du pays, offre l’excellence baroque avec son Concert de L’Hostel-Dieu, ses voix superbes, son orchestre où clavecin, orgue, viole de gambe, basse et trompette donnent des vertiges émotionnels !  Bach (Christ lag in Todesbanden) et Scarlatti (Il primo omicidio) préparent le ciel des âmes au Dixit Dominus de Haendel qui transcende le baroque flamboyant en arcs-en-ciel contemporains.

Thil

Thil et sa collégiale dont la colline est menacée par des éoliennes : la septième académie d’été d’Anne-Marie Blanzat déplace les foules pour ses deux concerts de clôture que sépare un pique-nique convivial. Des voix venues de toute la France qui se répondent en stylistiques différentes et variées, de Rameau à Bernstein en passant par Mozart, Strawinsky, Lully ou Pergolèse ! Le public est appelé à voter pour celui ou celle qui donnera un récital en automne à Précy : ce pourrait être Morgane Paquette (Le Rossignol strawinskien…), Catherine Gasse la mezzo wagnérienne, l’excellente Laure Pauliat (de Schubert à Offenbach sans difficulté !), voire l’inattendue et très locale Louise Percheron dont le Serse haendelien a subjugué l’auditoire.

Vitteaux

Et puis, à Vitteaux, la fameuse Grange du Prieuré qui ne relâche même pas l’été. Voici les sommets du piano interprétés par une jeune lauréate dijonnaise – une élève de Thierry Rosbach, excusez du peu – qui prépare son concours du master bruxellois à la fin du mois : Audrey Dumont, sur un Yamaha très sonnant, modernise tout le répertoire, fait sonner Rachmaninov comme un orchestre symphonique, accélère les battements de cœur patriotiques de Chopin, et noie les auditeurs dans les abîmes marins où résonnent les cloches de la debussyste Cathédrale engloutie.

A croire que cet été, il n’y avait qu’en Auxois qu’on pouvait ainsi grimper culturellement vers les sommets.


Michel HUVET