mardi 21 juin 2016

CÔTE-D'OR : BOUSCULADE POUR LES INVESTITURES

La morosité ambiante, les attentats, le chômage, la pénurie, la précarité désormais très partagée, tout cela n’empêche pas nos soi-disant grands élus de ne rien voir de tout cela, de ne rien faire sinon d’encaisser de bons subsides et de … songer à leur réélection.

On ne sait pas encore qui sera en lice pour les présidentielles, mais à droite, on se goberge déjà de la défaite de la gauche et l’on ne s’occupe ni d’Orlando, ni de Bruxelles, ni de la fronde sociale : on ne songe qu’à retrouver un siège de député. En Côte-d’Or, où les LR sont très divisés, le député Rémi Delatte assure son pouvoir départemental (et fillonnesque) en investissant d’urgence de bons amis pour mieux entraver les vélléitaires sarkozystes ou juppéistes.

Première circonscription : je vous prédis la réélection de Laurent Grandguillaume, certes PS mais un député, un vrai, qui a abattu un boulot immense pour ses concitoyens et n’a pas accompli le moindre faux-pas. Il sera réélu parce que l’on a éliminé ici François-Xavier Dugourd pour cause de suguenotisme aigu, qu’on a investi Anne Erschens qui n’est pas du coin et que Bernard Depierre, ex-député poujadien, veut y aller quand même : comme ici le FN n’est qu’un tout petit danger, voilà l’affaire réglée !

Seconde circonscription : Remi Delatte sera réélu. Tous les vélléitaires du coin – pourtant nombreux – ont été priés de se taire et de rester chez eux.

Troisième circonscription : belle bataille à prévoir, dans ce fief pas si de gauche que ça ­– souvenons-nous, en période de basses eaux gauchistes, de Lucien Brenot –, entre la sortante PS Kheira Bouziane et la tenace Pascale Caravel (LR) dont personne n’a oublié les 48% d’il n’y a pas si longtemps. Le drame c’est que cette femme courageuse et antipartisane voit sa désignation contestée dans son propre parti. Rien ne change.

Quatrième circonscription : silence radio dans cet immense territoire : on a beau savoir François Sauvadet affaibli par l’usure et par des défaites successives, tant dans d’autres élections que dans son propre parti (UDI), on hésite, chez LR, à lui dire dès maintenant qu’après tout, le temps des femmes est peut-être venu et que la bagarre de 1993 pourrait bien recommencer… avec elles.

Cinquième circonscription : Qui pourrait inquiéter Alain Suguenot ?

Il n’empêche que tout cela n’est qu’hypothèses du sérail et que rien ne dit que le grand balayage souhaité par tant de gens, Zèbres ou pas, ne se produira pas, au grand dam de tous ces monarques avides d’en reprendre pour cinq ans.

 Michel HUVET




mardi 7 juin 2016

LE LAOSTIC À SAINT-VORLES : MIRACLE VOCAL

Miracle dominical : en ces temps de malaise social, d’intempéries, d’inondations, de deuils et de soucis, rencontrer le Laostic relève effectivement de l’invraisemblable. La bernardine église Saint-Vorles de Châtillon-sur-Seine impose sa paix avant que François Tainturier ne lance sous les voûtes les premiers répons du X° siècle avec les voix quasi instrumentales de ses choristes aguerris.

D’abord stupéfait, l’auditeur s’abandonne petit à petit à cette paix qui le revêt soudain, dans le parfum d’une polyphonie ornée d’Hildegarde von Bingen, et avant que ne s’assombrisse la monodie médiévale grâce aux polyphonies à la quarte. On est enfin en paix, tout peut se dire et s’entendre, on est en l’an 1300, la musique nous est donc contemporaine et le Laostic révèle en quoi il est – depuis quarante ans – absolument unique dans le genre !

L’ensemble "amateur", qui a conquis les plus hauts sommets des festivals prébaroques – Conques, Bruges, Cordes-sur-Ciel, Silvacane, Sénanque, Fontenay –, est au-delà du professionnalisme : dans le partage. Le public chante et répond en choeur, jeunes et séniors à l’unisson, d’autant que le Laostic a précédé ce concert d’une intrusion pédagogique dans les écoles châtillonnaises et que François Tainturier n’a pas son pareil pour conquérir par ses mots et son ton les publics les moins avertis.

Et cela fait donc quarante ans ou presque que ce miracle se produit, que la paix gagne les coeurs des participants (on ne peut plus dire les auditeurs), et que ce répertoire dit "ancien", qui culmine in fine avec l’Ave Maria de Byrd (XVII° déjà !) après avoir traversé les polychoralités et autres hoquets de l’École de Notre-Dame, impose son évidente transcendance sonore.

Michel HUVET