dimanche 21 août 2016

ROBERT POUJADE ET ANDRÉ MALRAUX : CONTRE L'OUBLI


L’oubli est bien souvent la peine la plus difficile à admettre par ceux qui la subissent. Passons pour Malraux, dont il paraît que plus personne ne lit L’Espoir si ce n’est les Antimémoires, mais pensons à Robert Poujade, ce Normalien gaulliste qui fut maire de Dijon pendant trente ans, qui créa le ministère de l’Environnement et à qui, finalement, François Rebsamen doit beaucoup pour son avènement en 2001 à la mairie de Dijon.
L’oubli oui, car un de mes très proches, chercheur de métier et fouineur de passion, vient de trouver au marché aux livres du parc Georges Brassens, au 104 de la rue de Brancion dans le XV° arrondissement de Paris, un petit livre qu’on lui a laissé à 2 euros. Titre : Retrouver Malraux. Auteur : Robert Poujade. L’ouvrage date de 2011 et a été édité par un éditeur-artiste, Pierre-Guillaume de Roux. 
On y apprend que l’ancien député-maire de Dijon "retrace un vibrant portrait de Malraux à travers l’aventure de son oeuvre sur le thème du contemporain capital et de l’éternel précurseur". Robert Poujade raconte que leur première rencontre remonte à un soir d’automne 1948, au sortir d’un meeting dont il avait la vedette au Quartier Latin. "Je collais des affiches gaullistes avec quelques camarades, étudiants comme moi. Malraux s’est approché de nous et s’est amicalement affligé de notre inexpérience" (…) "Il me demanda mon nom, qui parut le frapper alors que mon homonyme de Saint-Céré n’avait pas encore accédé à la notoriété? Ce n’est que quelques décennies plus tard que je sus qu’il avait habité, lors de la Résistance, un château ainsi nommé".

Bref, Malraux, l’homme de l’anti-destin fut la parrain des jeunes gaullistes quand Robert Poujade en prit la présidence et je crois savoir que les deux hommes lancèrent une revue politico-littéraire sous des pseudonymes. Ils ne s’oublièrent jamais, Robert Poujade, devenu secrétaire général de l’UDR et maire de Dijon, profitant alors de cette amitié pour obtenir du ministre de la Culture de De Gaulle que la Donation Granville revienne au musée de Dijon !

En lisant le petit livre retrouvé dans le XV°, sans doute pourra-t-on peut-être aussi vaincre l’oubli et retouver non seulement Malraux mais aussi Robert Poujade…


Michel HUVET