mercredi 24 novembre 2010

FRANÇOIS REBSAMEN MÉDIATIQUEMENT INCONTOURNABLE




Décidément, je me trompais peu en vous annonçant récemment que si Dominique Strauss-Kahn était élu président de la République en 2012, le sénateur maire de Dijon, François Rebsamen, deviendrait ministre de l’Intérieur… C’est en tout cas comme tel qu’il est apparu l’autre soir sur France 2 dans l’émission d’Yves Calvi Mots croisés, face à Jean-François Coppé, à Cécile Duflot, à Marine Le Pen et d’autres spécialistes de la délinquance et de la sécurité.

Pas d’affolement : l’affaire n’est pas faite. Mais François Rebsamen, calme, sourire ironique souvent au coin des lèvres, ferme quand il faut défendre l’essentiel, citant Dijon en exemple, poli avec l’adversaire mais sans concessions aucunes, François Rebsamen donc est devenu médiatiquement incontournable sur le sujet. Le plus étonnant est que les caciques de son parti l’aient ainsi laissé en première ligne télévisuelle ! Mais c’est aussi qu’en matière de sécurité, l’ancien directeur de cabinet de Pierre Joxe, place Beauvau, est le seul à posséder un aussi solide dossier.

Pas d’affolement non plus en matière de prospective politique. Les sondages sont à double tranchant, surtout pour la gauche. Tel qui part en tête dans les sondages est rarement élu à l’arrivée (cf. Balladur, 1995). Il ne faudrait donc pas que se multipliassent trop les candidatures théâtrales du genre Montebourg ou Vals. Il conviendrait aussi que les primaires annoncées aient lieu bien avant la date prévue de l’automne prochain.

Le maire de Dijon, en tout cas, va son bonhomme de chemin médiatique avec une régularité qui révèle un fameux sens politique.

Michel HUVET





mercredi 17 novembre 2010

JULES ROY / AUBERT LEMELAND : L'OPÉRA INACHEVÉ

La mort d’Aubert Lemeland, survenue à Paris le 15 novembre, a déclenché chez bien des mélomanes un immense chagrin. Mais, plus encore, c’est Jean-Louis Roy qui aura en ces jours le plus de regrets : il se sera battu longtemps, à Dijon et ailleurs, pour que l’oeuvre de son père, Jules Roy, mise en opéra par Aubert Lemeland, soit enfin représentée lors du centenaire de l’auteur des Chevaux du soleil, en 2007.

M’étant quelque peu engagé à ses côtés pour que Lieutenant Karl fût enfin représenté à Dijon, je ne peux que laisser l’immense mélomane qu’est Jean-Louis Roy rendre ici hommage à un musicien né au pays de Barbey d’Aurevilly (La Haye-du-Puits) qui a traversé ce siècle avec des musiques exigeantes et toutes inspirées des terribles heures que, comme Jules Roy, il traversa entre 1940 et 1945.

 Michel HUVET


REQUIEM POUR UN SOLDAT MUSICIEN

Les premières orgues qui retentirent aux oreilles d’Aubert Lemeland furent celles des forteresses volantes B-17 qui traversaient le Cotentin pour écraser l’Allemagne et quelques points stratégiques de France et de sa chère Normandie. Né en 1932 à La Haye-du-Puits, il refermé sa partition le 15 novembre 2010, à Paris où il vivait.

Pendant les 78 ans de sa vie, le débarquement du 6 juin 44 a constamment retenti dans sa musique. Il a chanté la mer, le ciel et les soldats morts, l’honneur et la gloire de jeunes hommes au destin fracassé (Omaha, Songs for the dead Soldiers, Airmen, A l’Etale de basse-mer  ont reçu ensemble un Diapason d’Or). Un des derniers grands héritiers de l’impressionnisme musical français, son œuvre comporte plus de 220 numéros dont 12 symphonies, 3 concertos de violon et deux opéras. Riche et variée, elle a été souvent enregistrée, un Grand Prix Charles Cros lui fut décerné en 1995.

Ses partitions de chambre avec instruments à vents lui apportaient « un plaisir d’écriture qui est comme celui de respirer, de vivre ». Il partage la fraîche et fluide diction qui circule du dernier Debussy via Koechlin jusqu’à Dutilleux ou Ohana. Sa méthode d’harmonisation tonale moderne et ses mélodies ont une expression modale très avancée. La profonde technique d’orchestration de ses 3 Poèmes de Stéphane Mallarmé rappelle Ravel. Il a fondé l'Ensemble de chambre Français.

La musique de Lemeland, tonale, est très accessible ; les Ballades du soldat, pour piano seul jouées par Jean-Pierre Ferey (excellent pianiste qui dirige par ailleurs l’éditeur Skarbo), sont des miniatures inspirées par les lettres de soldats américains acteurs du débarquement de 1944. En 2002, il bâtira sa 10e symphonie (6 mouvements, un narrateur, une soprano et l’orchestre) sur des lettres de soldats allemands piégés à Stalingrad, l’accouplant au Mémorial « Dieppe 19 août 1942 » qui exprime sa compassion pour les Canadiens morts à Dieppe. Comme dans Omaha, on y retrouve ses admirables expressions d’harmonie lyrique.

En 1996, il avait rencontré Jules Roy dont l’œuvre d’écrivain-soldat allait nourrir la sienne. Pour fêter son centenaire en 2007, il acheva son opéra, Lieutenant Karl ; son premier, Laure ou La Lettre au Cachet Rouge, venait en droite ligne de Vigny. Pourtant, il restait méconnu ; peu joué, il était à bout de ressources, condamné à l’ascétisme. Il tarda à consulter, craignant sans doute de ne pouvoir se payer un spécialiste. Hospitalisé trop tard, l’intervention nécessaire l’aggrava, la situation n’eut d’autre issue que celle qui lui était familière depuis l’enfance. Il l’affronta avec sérénité.

Les concours officiels, que je sollicitais en vain pour lui depuis un an, se sont manifestés le lendemain  de sa mort. Je ne pus que leur confier l’heure de son service religieux et de son enterrement au Père-Lachaise pour qu’ils puissent, au moins par une gerbe, lui témoigner leur reconnaissance.

Jean Louis Roy.



mercredi 10 novembre 2010

DE GAULLE ...ET ROBERT POUJADE




Quarante ans après sa mort, le Général est-il oublié ? On peut le croire après le déferlement d’inepties sur son compte raportées par des témoins oublieux et des jeunes ignorants.

À Dijon, le journal local Le Bien Public s’est fendu d’une évocation de De gaulle à travers l’interview de Robert Poujade, ce Normalien qui tint la ville durant trente ans après avoir été un de ces jeunes gaullistes fervents venus du mendésisme. Dommage qu’on n’ait pas rappelé l’essentiel du gaullisme de Robert Poujade, qui s’est contenté de répondre à des questions bien anodines et sans intérêt et a trop d’humilité pour en avoir rajouté.

Donc j’eus aimé qu’on rappelât que Robert Poujade fut de ceux qui militèrent pour le retour au pouvoir du Général, qu’il fonda pour cela avec André Malraux une revue littéraire et politique, qu’il fut envoyé à Dijon par le Général lui-même (relisons les Mémoires d’Olivier Guichard ou de Jacques Foccart), que c’est à l’amitié avec Malraux qu’il dût d’obtenir pour le musée de Dijon la donation Granville, qu’il fut secrétaire général du parti gaulliste (UDR) et que c’est lui qu’on voit, sur la célèbre photo prise le 30 mai 68 devant le tombeau du soldat inconnu, entre Malraux et Debré.

J’eus enfin aimé qu’on se souvînt de ce que Robert Poujade fit pour la ville de Rameau, notamment en matière d’environnement et de préservation du patrimoine, et comment son gaullisme viscéral était d’abord attaché à une certaine idée de la France.

Michel HUVET