mercredi 30 mars 2011

ET LA FAMILLE, AU FAIT ?




Depuis "l’être familial" dont parlait Paul Janet au XIX° siècle, la famille a beaucoup évolué. "Pas de famille sans l’enfant" disait-il encore. Où en est-on aujourd’hui où de toute part la famille – base de la société qui la soutient plus qu’elle n’est soutenue par elle, comme l’a dit l’économiste Jacques Bichot – est contestée, contournée, chassée de l’espace économico-social ? Le colloque national La Famille, initiative humaine ou dessein divin ?, initié par le diocèse de Dijon, a tenté d’y répondre avec les plus grands philosophes, sociologues, théologiens venus de Paris entourer les spécialistes locaux.

Deux jours durant, dans l’amphithéâtre du CUCDB à Dijon, on a donc analysé la situation de la famille et le “profond mystère qu’elle porte en elle”. Avec cette question lancinante de la post-modernité qui la réfute aujourd’hui dans tous ses composants (sexuel, masculin/féminin, économique, social, spirituel) : y a-t-il encore pour elle un espace et du temps qui la sauve, l’encourage et la fortifie ?  Pas de vraies réponses, si ce n’est de forts constats.

D’abord que, qu’on le veuille ou pas, "la personne et la famille relèvent de l’ordre de la création et que, donc, elles se reçoivent" (Mgr Minnerath). Ensuite, que ce temps de la "modernité tardive" la réfute parce qu’il ne lui offre plus "aucun espace/temps paisible, aucune modalité du temps traversé ensemble" (Jean-Philippe Pierron). Le monde est passé de l’espérance au progrès, puis du progrès à l’accélération : "Comment inventer pour la famille des oasis de décélération ?" Rappels éclairicissants à partir de la Genèse, des lettres apostoliques de Jean-Paul II, d’analogies trinitaires … et des constats psychologiques.

Alors ? Eh ! bien, revenir aux évidences, se rappeler que "la monogamie va de pair avec le monothéisme" (Mgr Minnerath), que l’amour vrai s’épanouit en Dieu par une sexualité spiritualisée par le mariage (Mgr Anatrella), et que la famille reste, sur les cinq continents, la cellule de base de toute société. Le "beau modèle chrétien" est peut-être battu en brèche, il résistera parce que telle est la loi naturelle. "Le Christ rend plénier le dessein du Créateur" et l’indissolubilité du mariage entre un homme et une femme qui se sont librement choisis "vient du Christ et de personne d’autre".

En ouvrant les débats le vendredi matin, le Père Emmanuel Pic avait souligné "la vraie chance de ceux qui choisissent l’Église pour vivre une vie de famille", ne serait-ce que par les "outils de guérison" qu’elle est seule à apporter.

Michel HUVET

lundi 28 mars 2011

CANTONALES CÔTE-D'OR : SUITE SANS FIN


On avait donc vu juste : la gauche ne pouvait gagner ces élections comme elle l’avait un moment espéré. Elle est d’autant plus affaiblie que le FN lui a joué de vilains tours, notamment en renvoyant un bon tiers de ses électeurs du premier tour sur la droite : et voilà pourquoi François-Xavier Dugourd (Dijon VI) fait un si beau score, pourquoi Is-sur-Tille revient à droite avec Charles Barrière (1), et pourquoi Alain Brancourt, le maire PS de Lamarche-sur-Saône, n’a pu enlever son siège à Joël Abbey pour 31 voix.

Charles Barrière, nouvel élu UMP à Is-sur-Tille


Autre leçon de ce scrutin complètement faussé par les abstentionnistes : de nouveaux visages apparaissent où les vieux sortants avaient fini par lasser. C’est ainsi que l’on ressent un certain bonheur à voir élu à Montigny-sur-Aube quelqu’un comme Georges Morin qui s’est trois fois obstiné contre Philippe Chardon alors qu’ils sont apparemment du même bord. Pareil pour Gérard Leguay, maire de Selongey, qui a trouvé quarante voix de plus pour faire regagner ce siège à la gauche.

Laurence Porte (UMP) à Montbard : 9 voix de manque


Il est enfin assez impressionnant de constater les faibles écarts de voix. Songez qu’à Montbard, neuf voix seulement ont empêché Laurence Porte (UMP) de reconquérir ce fief de la gauche : je vous dis qu’il va falloir désormais compter sur elle dans le canton ! Elle me rappelle Anne-Catherine Loisier à Saulieu. Elle venge aussi, quelque part, Michel Protte, ancien maire et conseiller général UMP, battu plus à l’époque par ses propres amis que par ses adversaires…

La suite de tout ça ? Une élection du président qui doit avoir lieu jeudi matin. Mon petit doigt me dit que tout ne se déroulera pas, pour François Sauvadet, tout-à-fait comme certains de ses amis l’affirmaient un peu trop fort dimanche soir.

Michel HUVET

(1) Encore que les événements de l’entre-deux tours peuvent laisser penser à un possible recours administratif, la campagne ayant été perturbée par de pestilentiels tracts contre le sortant PS Michel Maillot

mercredi 16 mars 2011

LE THÉÂTRE FACE AUX "POISONS" MERCANTILES



Entendre parler de théâtre, de la place du comédien dans la cité, comme l’ont fait mardi dernier à l’académie de Dijon François Chattot – directeur du centre national dramatique de Bourgogne (TDB) – et son metteur en scène attitré Benoît Lambert, a fait un bien fou.

Oui, un bien fou. Dans ce monde auquel Deleuze nous invite à croire encore mais qui a cassé tous ses relais, le rôle du comédien, et donc du théâtre, reste essentiel, même s’il est de moins en moins connu, et reconnu. Comme cette conférence se déroulait dans le cadre de la Semaine Culturelle Diocésaine, on imagine l’effet produit par François Chattot quand il a évoqué cette vie de "catacombes" qui est désormais, si l’on n’y prend garde, dévolue au théâtre aujourd’hui.

Citant largement le philosophe trop méconnu qu’est Jean-Luc Nancy, l’ancien pensionnaire de la Comédie-Française a évoqué l’amplitude historique de la transmission d’une Parole dont l’écoute par la communauté rassemblée fait d’elle une réunion de "frères". De Lascaut au théâtre du Parvis Saint-Jean de Dijon, c’est la même attitude :  "Nous sommes depuis l’aube des temps des passeurs de mots".

Mais voilà, dans ce monde d’aujourd’hui, la difficulté est devenue gigantesque de se rassembler pour entendre cette parole, qu’elle vienne de Sophocle, de Shakespeare ou de … Nina Hagen. Benoît Lambert parle fort justement des "poisons de culture" que sont aujourd’hui tous ces faux spectacles qui nous bouchent les oreilles, poisons parce que leur seul but est mercantile.

Que faire ? Le retour est le titre du spectacle actuellement présenté par les héritiers de Copeau et Fornier dans les catacombes scéniques dijonnaises : travail de collage de textes que le comédien doit "infuser" et que le metteur en scène doit retenir au vu des "brouillons" que lui proposent les acteurs en répétition. Travail de fourmi autour de l’imaginaire dont le citoyen-spectateur est à la fois le légataire et le transmetteur.

Comme la lecture, le théatre ainsi conçu risque sans doute d’être englouti dans la décitoyennisation du monde : raison de plus pour entrer, avec lui, en résistance.

Michel HUVET

mardi 8 mars 2011

JOURNÉE DE LA FEMME : HUM ...



C’est beau qu’il y ait une Journée de la femme… Il est en effet temps de leur rendre hommage. Sauf que, oui, une telle journée ne sera belle que lorsqu’on n’en aura plus besoin.  

On a beau dire, et beau faire, la femme reste une exception dans ce monde qui reste d’abord celui des hommes. Je sais bien qu’on a, en Bourgogne, une rectrice, une directrice des finances, une préfète, une présidente d’université, et que bien des femmes ont remplacé les hommes dans les salles de rédaction des radios et des journaux, dans les prétoires et même dans les poids-lourds.

Reste un drame pour les femmes : les machos, les prédateurs, les embobineurs, les frimeurs et les souteneurs. Ca fait encore beaucoup. Et ce sont ceux-là qui passent leur temps à les violer, les abandonner, les moquer, les réduire, les rabaisser. Oh, je sais, ils font ça subtilement, en déployant bien des charmes et bien des roueries, comme des guépards toujours affamés.

Un homme, un seul, a su les aimer, au vrai sens du mot, et les défendre : il s’appelle Jésus.
C’est d’ailleurs à elles, à trois d’entre elles, qu’il est apparu en premier au matin de sa résurrection. La femme, voyez-vous, est la plus belle preuve de l’existence de Dieu.

Michel HUVET


lundi 7 mars 2011

BLEU MARINE : SONDAGES MANIPULÉS



Marine Le Pen présidente de la République ? Et allez donc ! Les sondages qui font tant parler aujourd’hui ne sont en rien crédibles. Outre le fait qu’on ne sait rien du “panel” exact et comment il a été trafiqué, outre l’indéniable fait que la question de l’insécurité est devenue primordiale en ce moment pour bien des gens, outre les stupidités du président Sarkozy (débat sur l’islam, puis sur la laïcité), je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a quelque part une manipulation de l’opinion.



Dans ces cas-là, on se demande à qui profite le crime. Le jour même où Chirac passe en correctionnelle, le jour même où Villepin et autres Borloo affirment vouloir être candidats, multipliant ainsi la confusion dans l’esprit des sondés, le jour même où Hollande et autres caciques du PS se déclarent candidats, le jour même où la loi anti-burqa entre en vigueur, la tromperie FN paraît un peu grosse. Mitterrand savait en jouer bien mieux que les marionnettistes d’aujourd’hui.

Tromperie : pourquoi est-ce Martine Aubry qui figurait, dans ce sondage, comme candidate PS ? Déjà là, il y a entretien de confusion et mélange des genres. Les sondages manipulent l’opinion et sans doute, ici, a-t-on voulu choquer les esprits et reformer le rassemblement de 2002. Mais il n’est pas dit que les Français aient encore un réflexe anti-Le Pen et Marine est moins repoussante que son père.

La question est aussi là : en finira-t-on un jour avec cette manie de jouer avec le feu ? Oublie-t-on ce qu’est ce néo-nazisme rampant qui a failli emporter le monde autrefois ? Oublie-t-on où peuvent mener le repli sur soi, la dénonciation de celui qui est différent, la politique de l’autruche, le mépris des personnes et la mise en place d’une police politique ?

Ce sondage est manipulé, je le redis. Sans doute par l’Élysée qui, faute de grives dans les vrais sondages, agite les merles de la peur. C’est assez pitoyable.

Michel HUVET



vendredi 4 mars 2011

LES FOSSOYEURS DE L'INFO




L’information, c’est fini, vraiment fini.

Je me rappelle y avoir cru, comme journaliste. Ce qui comptait le plus pour moi, c’était l’épaisseur humaine, la fragilité des êtres rencontrés, leur densité spirituelle, les êtres les plus modestes et les plus défavorisés étant à l’évidence ceux qu’une vraie information pouvait le plus aider, en tant que personnes et en tant que citoyens.

C’est pour cela qu’au-delà des rendez-vous officiels, des marronniers dont se nourrit la presse quotidienne  – en Bourgogne, les maronniers ce sont les Fêtes de la Vigne, la Saint-Vincent tournante, la vente des vins des hospices de Beaune ou de Nuits ; les fêtes de l’oignon ou du charolais ;  les rentrées judiciaire, scolaire ou sportive ; les fêtes patriotiques –, il y avait encore place, pour peu que la volonté y préexiste, pour des initiatives journalistiques, des enquêtes ou des reportages insolites. Le tissu relationnel comptait alors beaucoup, et les informateurs étaient légion pourvu qu’on ait su les entretenir et, de temps en temps, les satisfaire.



Le cœur de la vie d’un Journal devrait encore être là : il l’est de moins en moins. Le « cœur de métier », comme on dit aujourd’hui, s’est déplacé et vous verrez que dans peu d’années, on vendra les rédactions et les journaux qui deviendront des agences de communication, des loueurs de places de concert, des distributeurs d’encarts publicitaires ou des relais bancaires. Le pli est pris depuis quelques années et je sais certains directeurs de journaux qui ne parlent plus de lecteurs mais de clients.

Je devine même la tête que feront quelques lecteurs des années 2050, s’ils tombent par le plus grand des hasards sur ces lignes : « C’était quoi, ce qu’il appelle l’information ? ». Le mot information sera devenu aussi désuet que cocher, relais de poste ou arbalétrier. Le journal lui-même, s’il existe encore, sera livré par Internet, sorte de recueil de blogs et de fac-simile des « vieux » numéros des années 1950 ou 1990, histoire de cultiver une feinte nostalgie.

 Les fossoyeurs de l’information sont aujourd’hui à l’œuvre et ils dînent en ville chaque soir avec les croque-morts des cabinets de publicité et des représentants de commerce, ils s’acoquinent avec les puissants (peu importe la gauche ou la droite, c’est le pouvoir qui compte). Ils font tomber dans les fossés de l’Histoire des pans entiers de la réflexion humaine. Ils gagnent de l’argent et fument des gros cigares en rigolant grassement de la stupidité de ceux qui gobent ce qu’ils leur vendent.

 Michel HUVET