lundi 7 décembre 2015

ÉLECTIONS EN BOURGOGNE : UN ÉNORME DÉSARROI



Il ne fait donc plus aucun doute que la France est malade, gravement. Trop de chômeurs sacrifiés sur l’autel du libéralisme boursier, trop de suffisance de la part de gouvernements irresponsables et démonétisés, trop de peur chez les petites gens que les attentats, le mépris subi, l’emploi défaillant ont jeté dans les bras de ce faux parti qui cultive nostalgie et repli sur soi.

Pas de quoi être fier quand on est, arrogance permanente en bandoulière, de vieux pros de la politique et qu’on comprend que, cette fois, les électeurs vous ont dit stop, ça suffit. En Bourgogne, c’est Sarkozy qui est lâché, et c’est Sauvadet qui n’en peut mais. Sur huit départements, il n’en gagne qu’un seul, le sien. Et un chroniqueur qui a mangé à tous les rateliers collaborationnistes s’en vient dire que c’est à la liste socialiste de Marie-Guite Dufay de se retirer illico. Un comble !

Perte des valeurs

Elle ne se retirera pas pour une bonne et simple raison : c’est qu’elle est la seule liste à avoir un joli réservoir de voix et que, donc, elle peut espérer gagner dimanche prochain, mais si, et n’oubliez pas de tenir compte du fait que ce ne sont pas les mêmes qui s’abstiendront. Cela ne changera pas grand chose à la crise ambiante mais la nouvelle grande région Bourgogne et Franche-Comté ne mérite-t-elle pas de rester au moins fidèle aux idéaux de la République ?

Il y a autre chose encore dans ce “choc” subi dimanche dernier par la France tout entière. Il y a l’expression d’un désarroi énorme et insupportable. La vague dite Marine a tout emporté de la lassitude des petites gens, de leurs fins de mois angoissants, de leur peur de troisième guerre mondiale, de la perte des valeurs – chrétiennes, républicaines, éducatives, culturelles – qu’ils vivent comme un cauchemar.

Michel HUVET



lundi 28 septembre 2015

MISSERY : LA RÉSISTANCE PAR LE THÉÂTRE


François Bourcier en scène (Photo La Dépèche)
C’est un trou de verdure où chante un grand espoir. C’est ainsi qu’à Missery, non loin de Précy-sous-Thil et de Saulieu, un petit village sous Mont-Saint-Jean, aux bords du Morvan, c’est là qu’un soir de septembre j’ai repris espoir dans l’homme.

Car ce monde de médiafolie aggravée où la pensée est annihilée par une télé de sourds-muets ou de clowns sans génie, de rumeurs plus que d’infos, de contre-vérités jamais démenties, de conso-penseurs affligeants par leur bave de lèche-culs politico-verbeux, ce monde qui dérape de partout, qui décroche de l’Histoire, ce monde, oui, je l’ai cru perdu.

Et voilà qu’un soir de septembre, dans une grange morvandelle où l’on mijote des lasagnes roboratives, installé sur des gradins improbables sous un toit de grange éventée – un lieu au beau nom de Cité du Verbe – un comédien exceptionnel, véritable Frégoli, qui s’appelle François Bourcier, endosse le costume de Hume, d’Aristote, du comte de Gobineau, des savants fous du XIX° et autres théoriciens des races, et nous fait vivre la lente construction de la pensée eugéniste qui a abouti au nazisme et à la solution finale.

Ils ont fait un rêve 

Tout d’un coup, quand ce spectacle hors du commun s’achève sur le I’have a dream de Martin Luther-King, on s’ébroue l’esprit et, en applaudissant la performance du comédien, on se surprend à ne plus être comme on était une heure et demie plus tôt, on se surprend à penser de nouveau, c’est un sentiment assez prodigieux.

Tout n’est donc pas achevé de la bêtise humaine ? Non, puisque des gens comme Jean-Louis Mercuzot (qui a réalisé cette grange-théâtre et se bat depuis cinq ans pour en faire un lieu culturel d’excellence) et François Bourcier (qui accepte de quitter Paris ou Avignon pour venir dans ce lieu improbable) sont bien vivants, bien décidés à poursuivre leur travail de résistance.

Evidemment, côté élus, on se soucie de Missery et de sa Cité du Verbe comme d’une guigne. Ce n’est pas étonnant.


Michel HUVET



jeudi 17 septembre 2015

RÉGIONALES BOURGOGNE : LE TEMPS DE LA VOITURE BALAI



On s’agite beaucoup en ce moment dans la nouvelle grande région Bourgogne-Franche-Comté. D’abord pour constituer des listes parce que le scrutin proportionnel et les listes par département limitent le nombre de places dites "éligibles".

Ça grince donc des dents à droite comme à gauche, François Sauvadet ou Marie-Guite Dufay réservant si l’on ose dire les bonnes places à ceux et celles qu’ils ont "ramassé" le long de la route des cantonales et, soit non réélus soit éliminés par le redécoupage, se sont retrouvés tout nus au printemps dernier. On songe, par exemple, à des personnes comme Joël Abbey (à droite, ancien conseiller de Pontailler) ou Patrick Molinoz (à gauche, ancien élu de Vénarey-les-Laumes).

La voiture balai des régionales ne peut ramasser tout le monde et donc, ça grince. Safia Okotoré, par exemple, encore vice-présidente de Bourgogne, ne se retrouve pas en place éligible sur la liste proposée par Michel Neugnot : elle hurle au scandale, annonce qu’elle quitte le ring PS car elle n’aime pas la présidente de Franche-Comté – le président de Bourgogne, François Patriat, qui a jeté l’éponge, la soutient du bout des lèvres – et qu’elle peut très bien, avec d’autres élus oubliés, constituer une liste dissidente.

À droite, Sauvadet montre sa haute taille dans tous les coins de Franche-Comté pour que là-bas, on s’habitue à sa tête de Philippe-le-Bon puisque c’est vraiment comme duc de BFC qu’il se voit désormais, clamant à cor et à cri son abandon de la Chambre des députés dès janvier, élu ou pas– il retournera sans doute à l’Assemblée si et seulement si Sarkozy retourne à l’Élysée – , et surfe sur les bons sondages de la droite pour allumer partout des propositions qui flirtent avec la démagogie verbale sous le regard apeuré des Républicains façon Joyandet qui rongent leur frein en coulisses.

Et pendant ce temps-là, au fait, des milliers de réfugiés sont dans l’attente de notre généreux sens de l’hospitalité : qui en parle dans ce début de campagne, qui ? Ah ! si, il y a François Patriat, qui allonge aux communes la somme de 1 000 € par famille accueillie, en sus de ce que l’État leur a promis.


Michel HUVET






lundi 24 août 2015

RENÉ GOGUEY : C'EST GRÂCE À LUI QU'ALÉSIA EST BIEN À ALÉSIA !

René Goguey (Photo France 3)

René Goguey a rejoint ce ciel qu’il a tant sillonné avec son avion Robin, des plaines de Hongrie aux reliefs ibères en passant par la Bourgogne. Ce savant, cet enseignant, cet acrobate des airs, ce chercheur aura passé une bonne partie de sa longue vie à "inventer" l’archéologie aérienne et le don qu’il a fait de des milliers de documents aux archives départementales est un geste fort de cet homme généreux dont l’amitié était aussi solide que les connaissances.

"La" photo de René Goguey à Alésia

C’est pourquoi je m’étonne, oui vraiment, que lui rendant hommage dans un communiqué, le président départemental ait à peine mentionné Alésia dans les trouvailles de René Goguey. Le dit président était pourtant bien placé pour en dire plus, lui qui était vice-président de Louis de Broissia quand celui-ci lança l’idée du muséoparc, idée directement issue des fouilles de Michel Reddé qui confirmèrent les photos de René Goguey.

Témoin de cet événement, à l’époque, j’avais raconté, dans Le Bien public, la présentation du film de Philippe Fontenoy : "Comme Cluny, Alésia est donc imaginaire. Pour rendre palpable le site, le film réalisé par Philippe Fontenoy met en scène évidemment René Goguey à bord de son avion de chasse archéologique mais utilise les images de synthèse en 3D réalisées par les ingénieurs de l’ENSAM Cluny pour montrer en trois dimensions ce que les photos et les fouilles ont mis à jour."

Le camp C et les trous des poteaux ! 

De même me souvenais-je de ce jour où René Goguey, pas peu fier bien que d’une modestie sidérante, m’appela pour me faire part de la grande nouvelle de la découverte, sur les photos réalisées en lumière rasante depuis le petit avion en piqué, du camp C d’Alésia avec les lignes de fortifications de César et les trous de poteaux ! C’était le 26 juin 1990.

Je concluais ainsi l’information : "S’ensuivit une campagne de fouilles menées par Michel Reddé et décidées par le ministère de la Culture qui put clore définitivement, au moins sur le plan scientifique, la question passionnelle du vrai site d’Alésia. C’était là, et pas ailleurs, et Napoléon III avait eu raison."


Michel HUVET





mercredi 19 août 2015

AUXOIS L'ÉTÉ : TROIS CHOCS MUSICAUX


À Semur, le Dixit dominus de Haendel ...
Tandis que Dijon, sous la chaleur, est un désert culturel invraisemblable, il est des lieux où la musique, la vraie, envoie des éclairs de qualité, des grondements de foule et des orages d’émotion : c’est l’Auxois. Trois rencontres éblouissantes, à titre d’exemple.

Semur

Semur, la perle, la ville historique qui sait vivre au présent. Une basilique pleine à craquer. C’est le dernier soir des "Musicales en Auxois", et Franck-Emmanuel Comte, le génial enfant du pays, offre l’excellence baroque avec son Concert de L’Hostel-Dieu, ses voix superbes, son orchestre où clavecin, orgue, viole de gambe, basse et trompette donnent des vertiges émotionnels !  Bach (Christ lag in Todesbanden) et Scarlatti (Il primo omicidio) préparent le ciel des âmes au Dixit Dominus de Haendel qui transcende le baroque flamboyant en arcs-en-ciel contemporains.

Thil

Thil et sa collégiale dont la colline est menacée par des éoliennes : la septième académie d’été d’Anne-Marie Blanzat déplace les foules pour ses deux concerts de clôture que sépare un pique-nique convivial. Des voix venues de toute la France qui se répondent en stylistiques différentes et variées, de Rameau à Bernstein en passant par Mozart, Strawinsky, Lully ou Pergolèse ! Le public est appelé à voter pour celui ou celle qui donnera un récital en automne à Précy : ce pourrait être Morgane Paquette (Le Rossignol strawinskien…), Catherine Gasse la mezzo wagnérienne, l’excellente Laure Pauliat (de Schubert à Offenbach sans difficulté !), voire l’inattendue et très locale Louise Percheron dont le Serse haendelien a subjugué l’auditoire.

Vitteaux

Et puis, à Vitteaux, la fameuse Grange du Prieuré qui ne relâche même pas l’été. Voici les sommets du piano interprétés par une jeune lauréate dijonnaise – une élève de Thierry Rosbach, excusez du peu – qui prépare son concours du master bruxellois à la fin du mois : Audrey Dumont, sur un Yamaha très sonnant, modernise tout le répertoire, fait sonner Rachmaninov comme un orchestre symphonique, accélère les battements de cœur patriotiques de Chopin, et noie les auditeurs dans les abîmes marins où résonnent les cloches de la debussyste Cathédrale engloutie.

A croire que cet été, il n’y avait qu’en Auxois qu’on pouvait ainsi grimper culturellement vers les sommets.


Michel HUVET



lundi 27 juillet 2015

ALAIN MILLOT, L'EXEMPLAIRE...

Alain Millot (Photo X)


Tous l’ont cru, et François Rebsamen le premier : le fait d’être maire de Dijon – le plus beau des mandats politiques – allait aider Alain Millot dans son combat contre la maladie pulmonaire qui l’assaillait. Et cela s’est vérifié. Le maire de Dijon a été, malgré la chimiothérapie et autres traitements, d’un courage exemplaire. On l’a vu partout, on l’a croisé partout, et à la mairie comme au Grand Dijon, on avait mis en place un plan B pour pallier toute éventualité.

D'abord conseiller général

Alain Millot, c’est d’abord un humaniste, un homme d’une sérénité à toute épreuve, un fidèle parmi les fidèles, bref un homme attaché à de vraies valeurs. Il n’aura jamais été un politique “politicien”, bien au contraire. Elu maire de Dijon par défaut – le maire, pour lui comme pour ses colistiers, c’était François Rebsamen –, il a dirigé les assemblées et travaillé les dossiers, prononcé des discours et tenu des conférences de presse sans jamais la moindre once d’énervement ou de lassitude.

Il était entré en politique active dès 1998 quand François Rebsamen lui proposa d’être candidat dans le canton qui était alors le “Dijon VII” (centre ville / Toison d’Or) et que détenait Bernard Depierre (UMP) qui allait remplacer Robert Poujade à l’Assemblée nationale. Alain Millot était alors, professionnellement, éducateur à la Police Judiciaire de la Jeunesse (PJJ). Dès son coup d’essai, il réussit : il était conseiller général.

Dès l’élection municipale de 2001, il allait être élu premier adjoint de François Rebsamen. Fidèle parmi les fidèles, il a su discrètement agir pour lutter contre la délinquance, son job, renforcer les moyens de la Police municipale, et être le bras exécutif du maire. Jamais un mot plus haut que l’autre, toujours un sourire bienveillant, une voix douce et tranquille : un exemple.

L'honneur de la chose publique

On sait ce qu’il advint en 2014 : François Rebsamen nommé ministre du Travail, démissionna du poste de maire (mais pas du conseil municipal) et demanda à Alain Millot d’assumer la fonction de premier magistrat. Il fut ainsi un maire légal à défaut d'être vraiment légitime. Il annonça très vite, dès l’automne 2014, qu’il avait un cancer mais jamais il n’envisagea de démissionner. Nathalie Koenders le remplaçait en cas de besoin, comme le faisait Georges Maglica au Grand Dijon.

Il n’aura été maire de Dijon qu’un an et demi. Mais ce court séjour lui vaut, pour l’éternité, la gratitude des Dijonnais qui, hors politique politicienne pour une fois, savent tous qu’Alain Millot n’était pas comme les autres : comme quoi ce sont des hommes comme lui qui font vraiment honneur à la chose publique. 


Michel HUVET



NUITS PEPLUM À ALESIA : INCONTOURNABLE !

Le Carrousel des Moutons au Théâtre des Roches (Photo MH)


Le ciel bleu est embrasé comme on ne le voit que dans l’Auxois et comme César a du le voir un certain soir où, vert de rage, Totor le narguait plus encore que d’habitude.

Ce ciel qui se crépusculise à petits feux éclaire le plateau où la haute statue du héros s’assombrit. Tout autour, la foule : des enfants émerveillés par une fanfare de virtuoses qui conduit le bal des spectacles, des parents qui ne savent plus où regarder et qui terminent un de ces petits plats de cochon grillé aux frites savoureuses, des grands-parents qui s’assoient dans l’herbe sèche et retrouvent les saveurs de leur jeunesse…

Le piano qui vole

La nuit, à Alesia, est peplum ou n’est pas. Des dizaines de bénévoles assurent, avec le sourire aux lèvres et la joie dans le coeur, la circulation et le parking, la distribution des tickets du bonheur à voir et à manger, l’accompagnement des deux mille spectateurs, pas moins, qui se pressent là-haut, au pied de Totor, et vont en voir, jusque tard dans la nuit enveloppante, de toutes les couleurs.

Lieu magique que ce Théâtre des Roches, et voilà que la foule présente retient son souffle et entre dans le rêve. Comme le petit prince de Saint-Ex, voilà que le dormeur sort d’une drôle de planète : un piano à queue que joue une fée en apesanteur et que les songes du dormeur acrobate vont faire lever, tournoyer, quasiment danser au long des acrobaties et autres facéties du rêveur éveillé qui danse, hip-hopise, tournoie, chute, danse, mime tandis que la fée joue inlassablement. La poésie des flamands D’Irque et Fien touche et émeut.

Alésia en feu 

La nuit peplum n’est pas achevée. La lune est accrochée à la cime des hauts arbres qui font la haie d’honneur à Totor impassible mais qu’on sent ravi de l’aubaine. À ses pieds, dans un coin vallonné, toute l’histoire de l’humaine fragilité se déroule aux sons des musiques les plus diverses (sarabandes baroques, rocks endiablés, refrains africains ou danses rituelles) : histoire du feu. Il y en a partout, du feu, au bout des bras des danseurs, sur le sol, dans les airs, des boules ou des étoiles, et c’est le feu qui danse, et si les danseurs de La Sarabande bisontine n’en ressortent pas grillés, c’est qu’il y a des dieux qui veillent sur Alésia.

Au bout de ces spectacles à suspense et d’une qualité supérieure, de ces spectacles de rue devenus fête champêtre, petits et grands ont les yeux qui piquent mais trouvent encore la force de danser devant de festifs musiciens – Urgo et les Straps – qui ont tout le répertoire imaginable au bout des doigts.

Incontournable, si on le veut

À tous ceux qui n’ont pas compris, parce qu’ils n’y viennent pas, que les Nuits Peplum sont une aventure culturelle hors du commun et sans pareil dans la qualité, la conception et l’intergénérationnel, que Vieilles charrues ou Châlon dans la rue pourraient être battus à plates coutures si les élus y croyaient, que ce “Voyage à Alésia” est une richesse culturelle et touristique pour toute la région, il faut dire, redire et crier que l’on tient là de quoi devenir – pour peu que les coqs politiques arrêtent de se crier dessus – un de ces événements estivaux susceptibles de faire de l’Auxois un rendez-vous estival français incontournable.


Michel HUVET


lundi 1 juin 2015

HAUTE CÔTE-D'OR : HAUT LE CHOEUR !

Nancy Hézard au piano face à ses choristes (Photo X)

On se frotte les yeux, on n’en croit pas ses oreilles : voilà un choeur, celui de la Haute Côte-d’Or, qui ne fait rien comme tous ceux qui se disent que le chant choral c’est d’abord chanter Brel ou Brassens, qui n’existe que depuis 2008, qui regroupe des amateurs venus de Châtillon, Montbard, Semur ou Vitteaux, qui ne répète qu’une fois par semaine, et qui se hisse au sommet de la difficulté musicale !

Nancy Hézard n’y va pas de main lasse : ce seront Duruflé, Arvo Pärt ou rien ! De quoi former d’abord, sinon la justesse absolue, du moins l’écoute des plus fins accords désaccordés, sinon la justesse de l’intention cachée au coeur de partitions délicates, très subtiles dans leur écriture et très inspirées en matière de spiritualité.

Le Choeur de Haute-Côte-d’Or ainsi vêtu de prétention, l’a justifiée l’autre soir dans l’église Saint-Germain de Vitteaux devant un public médusé, qui ne s’attendait pas à découvrir comment un basque contemporain comme Javier Busto parvient, à partir de murmures et chuchotis, à traduire “le plus grand des mystères” (O magnum mysterium) en conduisant l’auditeur jusqu’à la lumière irradiante d’un grandiose alleluiah.

C’est vrai que l’ambition de Nancy Hezard est atteinte : elle a visé la Lune, elle y parvient ! Certes, elle ne pose pas son aéronef choral sur le satellite, mais elle s’en approche très près, le contourne et le valorise. C’est d’autant plus vrai avec Arvo Pärt, cet Estonien qui dépasse le sérialisme et le collage de ses débuts pour parvenir, notamment dans un Magnificat à couper le souffle et surtout dans un Nunc Dimitis qu’on eut aimé réentendre en bis, à faire sentir à l’auditeur l’ampleur du spectre lumineusement sonore qui s’inscruste en mille couleurs dans son âme.

Pour que les choristes parviennent à voir la Lune, Nancy Hezard calme les tempi et laisse passer des transitions hasardeuses, mais c’est pour la bonne cause, celle qui réconcilie musiques savante et populaire. 

Michel HUVET



vendredi 22 mai 2015

POURQUOI IL FAUT SE MÉFIER DU LAÏCISME ANTIRELIGIEUX



Mgr Roland Minnerath (Photo X)

Que n’entend-on pas depuis quelque temps sur la laïcité, sur les méfaits du christianisme qu’il faudrait rejeter aujourd’hui comme on jette une guirlande usée avec le sapin de Noël ! Je relisais dernièrement ces propos tenus par l’archevêque de Dijon, Mgr Roland Minnerath, dans une lettre pastorale datant de 2013. L’éminent professeur et théologien – il vient d’être nommé par le pape à la congrégation pour la doctrine de la foi – y dit là avec clarté et force ce que doit être la laïcité bien comprise et telle que l’a reconnue la loi de 1905. Prenez le temps de lire jusqu’au bout en mettant derrière chaque mot l’actualité la plus récente. Edifiant.

"Des interprétations outrancières de la notion de laïcité visent à restreindre progressivement l’espace couvert par la liberté de religion. On tend à étendre la laïcité à la société entière, en faisant croire que la laïcité consiste à effacer tout signe religieux et toute conviction religieuse de l’espace public et à confiner la religion dans l’espace privé. En fait, on s’achemine vers un retour à la situation antérieure à l’invention de la liberté de religion où le pouvoir politique régentait tout l’humain, y compris la sphère que le christianisme lui a arrachée au profit de la liberté humaine.En France, depuis la Révolution il existe un courant visant à éradiquer le christianisme en lui substituant une religion séculière : culte de la Raison, de la République, etc. 

Gare à une religion civile...

Ces tendances se manifestent encore de nos jours où des ministres déclarent ouvertement vouloir introduire la laïcité comme « une religion pour la République » avec l’esprit républicain pour credo, les enseignants comme clergé. La religion redeviendrait ce qu’elle était avant le christianisme : une religion civile et un moyen pour le pouvoir de dominer entièrement les hommes. Il ne suffit pas de déclarer la liberté de conscience et la liberté individuelle d’avoir des opinions religieuses, si l’Etat tout-puissant ne reconnaît pas d’interlocuteurs qui prennent en charge la liberté de conscience et de religion. En ne reconnaissant pas d’interlocuteur chargé de cette dimension spirituelle, l’Etat a naturellement tendance à réinvestir le champ de la liberté intérieure pour formater des citoyens manipulables à l’envi.

(…) Il est absurde aujourd’hui de considérer les chrétiens comme des menaces à la République, à la liberté et aux droits de l’homme. Ils sont ceux qui s’engagent le plus dans les associations en défense des plus défavorisés et qui paient de leur personne pour plus de justice. De même il n’y a aucune contradiction entre la foi chrétienne et la recherche scientifique. La connaissance par la foi ne s’oppose nullement à la connaissance scientifique. C’est sur le terreau du christianisme que la méthode scientifique est née, tout comme la distinction entre la sphère religieuse et la sphère politique.

Garante du lien social

Ces courants n’ont pas compris que le lien social ne s’impose pas par l’idéologie, mais qu’il nait de la liberté. On admet généralement que les sociétés démocratiques vivent sur des principes qu’elles sont incapables de fournir et qui ont leurs racines dans des visions du monde et de l’homme irriguées par les religions. Le laïcisme antireligieux n’a rien appris des dérives totalitaires du XXe siècle. C’est déplorable. Nous affirmons que la doctrine sociale de l’Eglise offre un espace de liberté et de respect mutuel autrement consistant que les rêves d’enfermement des hommes dans des idéologies sans ouverture vers le haut. La laïcité ne doit pas devenir une religion séculière. La liberté de religion, comprise comme possibilité de chercher Dieu et la vérité, est garante du lien social."

Vous avez bien lu ? Le lien social ne s'impose pas par l'idéologie mais il nait de la liberté.
Rien à ajouter.


Michel HUVET






dimanche 3 mai 2015

CHURCHILL, REVIENS !



Ai-je eu tort de me taire depuis un bon mois ? Je le crois. Mais franchement, devant cette avalanche des valeurs perdues, ce durcissement d’un laïcisme intégriste, cette stupidité irradiante des médias qui font mine de cacher leur ignorance derrière une dérision absolument lassante et ridicule, devant ces politiciens qu’aucun drame humain ne régénère, je restai quelque temps sans voix.

Voilà que me revient cette leçon de morale qui date de mes années d’études philosophiques : "Ne rien faire, c’est laisser faire ce qu’on n’a pas voulu". Je n’ai donc moralement pas le droit de continuer de me taire. Et donc je crie, je tempête, j’enrage, je désespère même parfois.

Ces migrants engloutis sous la Méditerranée dans l’indifférence quasi-générale, ces enfants d’Irak massacrés parce que baptisés, ces pseudo-inspecteurs d’éducation qui bousculent l’enseignement des langues et de l’Histoire, ces querelles ridicules entre fanatiques de gauche et de droite, cette vision des futures SA des Le Pen, cette ville qui va devoir débaptiser sa "place Jean-Paul II", oui tout cela nous fait suffoquer.

Alors quoi ? La culture ? Là aussi, c’est Waterloo : suppression des crédits, annulation des festivals et des salons du livre, j’en passe et de bien plus graves. Je repense à Churchill – au fait saviez-vous qu’il obtint un jour le prix Nobel de Littérature ? – à qui on conseillait de diminuer les crédits culturels pour mieux soutenir l’effort d’armement et qui répondit : "Mais pour quoi croyez-vous qu’on se bat ?"

Churchill, reviens !



Michel HUVET

mardi 17 février 2015

CÔTE-D'OR : 23 CANTONS EN JACHÈRE



Les voilà tous inscrits. Des binômes pour le moment unis qui se déchireront, mais si, sitôt l’assemblée départementale réunie. Un homme et une femme, en principe du même parti ou de la même tendance sur 23 cantons enfin redécoupés en terme de population et qui sont en jachère depuis belle lurette. Ce qui fera 46 élus. Premier point.

Là dedans, comment les électeurs vont-ils s’y retrouver, eux qui ne savent pas encore, ou si mal, ou pas du tout, que Mirebeau est dans le canton de Saint-Apollinaire ou que Saulieu est dans le canton de Semur ? Ceux de Dijon, qui ne savent même pas qui est leur actuel conseiller général, vont avoir à apprendre que d’une rue à l’autre du centre-ville on peut être de trois nouveaux cantons différents ! Second point.


Semur et Dijon 5, par exemple

Il n’empêche que tous ces candidats y croient dur comme fer. Et d’abord ceux du FN, qui se présentent dans chacun des nouveaux cantons, histoire de semer une belle pagaille dans les petits comptes entre amis. Voyez le canton de Semur où le président sortant François Sauvadet – qui a la chance d’être associé à la très compétente et très battante Martine Eap-Dupin – va quand même trouver sur sa route des socialistes très déterminés (Christine Beccavin et Laurent Viette) mais surtout des FN prêts à tout (Aurélie Clerc et Bernard Bonoron) et l’inattendu ancien maire de Semur Philippe Guyennot qui a demandé à Marie-Andrée Coquille de le suivre “sans étiquette” dans l’aventure. Second tour à peu près certain et … délicat.

Voyons les autres. Non sans observer préalablement que le Front de gauche a multiplié les candidatures, histoire de perturber le jeu déjà très difficile des “forces de progrès” (PS et alliés), même et surtout à Dijon et dans l’agglomération où les amis de François Rebsamen ont même perdu en route et dans plusieurs cantons déjà chauds – encore que ce soit de la stratégie osée de la part de François Desseille – leurs amis du Modem bayrouiste. Exemple Dijon 5 où Colette Popard et Christophe Avena vont se trouver en concurrence avec Cécile Chevalier et Marien Lovichi (Modem) sur leur droite, Marie-Christine Gunther et Daniel Mangione (Front de gauche) sur leur gauche ! Du coup, que restera-t-il à la vraie droite sinon de quoi essayer de faire comprendre aux électeurs que Franck Ayache est UMP et Frederika Desaubliaux bien FN…

Chenôve... et tous les autres


Le nouveau grand canton de Chenôve – qui comprend désormais Marsannay, une sacrée ville moyenne de plus de 5 000 habitants – fait des envieux, la succession de Jean Esmonin attisant les convoitises. Six couples en lice, excusez du peu : non seulement les successeurs désignés PS (Dominique Michel et Jannine Tisserandot) mais aussi le Front de gauche et le FN, mais encore un couple UMPiste et un couple "divers gauche" puisque Roland Ponsaa est quand même sortant et qu’il a eu envie, avec Nathalie Gay, qu’on ne l’oubliât point. Pas d’élus au premier tour !

Enfin les autres, tous les autres.

      Arnay-le-Duc est devenu un immense territoire où l’on trouve Pouilly-en-Auxois mais aussi Liernais : le trio FN-UMP-PS devient quatuor avec l’inattendue candidature d’Anne Bussière et de Michel Guenoux, sans étiquette si ce n’est celle des intérêts du canal de Bourgogne qui est un fleuron à ne pas sous-estimer. Le sortant qui a survécu dans le découpage reste Pierre Poillot : au boulot !
      Auxonne aura aussi son quatuor puisque le Modem a investi deux candidats qui voudront pousser le sortant Dominique Girard au second tour.
      Beaune, où le redécoupage a calé la ville dans un seul canton : Jean-Pierre Rebourgeon (sortant UMP) et Marie-Laure Rakik trouveront aussi deux quatrièmes larrons de tendance très verte voire “alternative”.
      Châtillon-sur-Seine : l’immense terroire du nord de la Côte-d’Or (de Châtillon à Baigneux en passant par Montigny-sur-Aube, Laignes et Aignay-le-Duc) adoubera sans doute son incontournable UMP Hubert Brigand.
      Chevigny-Saint-Sauveur : c’est aussi le canton de Quétigny, suivez mon regard et voyez que le sortant Michel Bachelard (PS) voudra croire qu’il ne lui échappera pas encore cette fois.
      Dijon 1 : La terre d’élection du député PS Laurent Grandguillaume reste quand même très à droite et François-Xavier Dugourd croit fermement à sa chance d’en rester l’élu (avec Danielle Darfeuille) voire plus qu’élu… Les Verts (Catherine Hervieu) lui opposeront néanmoins une belle résistance.
      Dijon 2 : L’affaire est pour le maire de Dijon, Alain Millot, et sa première adjointe Nathalie Koenders, même si le désormais incontournable Emmanuel Bichot entend bien, lui, arriver en seconde position devant le FN au premier tour.
      Dijon 3 : Hamid El Hassouni, conseiller municipal et fidèle de François Rebsamen depuis 2001, tente sa chance ici avec Sandrine Hily. Face à lui, le bouillant UMP Laurent Bourguignat et même deux héroïques communistes.
      Dijon 4 : Ludovic Rochette et Anne Erschens (UMP) se lancent dans un canton qu’ils connaissent sur le bout des trottoirs mais gare au duo socialiste descendu de la mairie, Océane Charret-Gordat et Jean-Yves Dian.
      Dijon 6 : En principe le couple venu de la mairie, Céline Maglica et le très populaire André Gervais, tireront leur épingle du jeu délicat qui les verra opposés au leader FN Edouard Cavin, à l’ambitieux Lionel Fourré pour la droite, et l’obstiné Eric Davillerd pour le parti mélanchoniste.
      Fontaine-les-Dijon : Dans ce canton très à droite, Patrick Chapuis, avec Patricia Gourmand – maires de Fontaine et d’Asnières – , vont trouver sur leur route le FN François Thieriot et surtout l’inattendu maire d’Ahuy (Modem), Dominique Grimpret, eh ! oui !
      Genlis : Choc frontal à prévoir entre les Forces de Progrès (Hélène Bouchet et Jacques Loury) et la droite unie de Vincent Daucourt et Christelle Meheu.
      Is-sur-Tille : Un duo de choc pour la droite avec Charles Barrière et Catherine Louis.
      Ladoix-Serrigny : Denis Thomas et Anne Parent (droite) devraient se balader dans ce nouveau grand canton très vineux où les voix se conquièrent dans les caves !
      Longvic : Jean-Philippe Morel (UDI) et Marie Quintallet unissent d’un coup Longvic et Gevrey et l’avocat longvicien y voit enfin la lumière d’un succès possible, même si les deux listes de gauche (unies au second tour ?) peuvent lui faire perdre quelque peu le sommeil.
      Montbard : Duel serré entre la maire de Montbard Laurence Porte (droite, associée à Marc Frot venu de Baigneux) et le maire PRG de  Venarey-les-Laumes Patrick Molinoz qui s’est associé à l’ancienne adjointe montbardoise, le docteur Marion Mongouachon.
      Nuits-Saint-Georges : Le sortant Pierre-Alexandre Privolt (Forces de progrès) s’est associé avec Marie-Christine Garnier pour conserver un territoire très agrandi que Hubert Poullot et Valérie Dureuil (droite) voudront à tout prix lui reprendre.
Saint-Apollinaire : Un nouvel et immense canton qui va jusqu'aux bords de la Saône et qui verra s'affronter des sortants à qui leur canton leur a été retiré.  Le DVD Nicolas Urbano (avec Isabelle Loos-Maillard) va s'affronter avec Laurent Thomas (et Christine Richard) qui ont été adoubés par la "majorité départementale", eux ! Et contre eux, un duo qui en veut et qui se réclame des Forces de progrès : Pierre-Alain Barot et Ludivine Demacon. Et le FN, ici, a choisi Sylvie Beaulieu, très connue des milieux politiques divers et variés, associée à Franck Gaillard. Bon vent !
      Talant : Là aussi, la droite se dédouble et Gilbert Menut, le maire de Talant, associé à Monique Bayard, va se trouver gêné aux entournures par le couple Amandine Gaucheret et Alain Lamy (divers droite) quand ce n’est pas les FN Nathalie Perreira et Philippe Loza. Mais attention, le canton va désormais jusqu’à Sombernon et le sortant Paul Robinat (Forces de progrès) associé à Christine Renaudin-Jacques, bien connue à Talant, entend bien ne pas passer inaperçu.


Michel HUVET