vendredi 22 mai 2015

POURQUOI IL FAUT SE MÉFIER DU LAÏCISME ANTIRELIGIEUX



Mgr Roland Minnerath (Photo X)

Que n’entend-on pas depuis quelque temps sur la laïcité, sur les méfaits du christianisme qu’il faudrait rejeter aujourd’hui comme on jette une guirlande usée avec le sapin de Noël ! Je relisais dernièrement ces propos tenus par l’archevêque de Dijon, Mgr Roland Minnerath, dans une lettre pastorale datant de 2013. L’éminent professeur et théologien – il vient d’être nommé par le pape à la congrégation pour la doctrine de la foi – y dit là avec clarté et force ce que doit être la laïcité bien comprise et telle que l’a reconnue la loi de 1905. Prenez le temps de lire jusqu’au bout en mettant derrière chaque mot l’actualité la plus récente. Edifiant.

"Des interprétations outrancières de la notion de laïcité visent à restreindre progressivement l’espace couvert par la liberté de religion. On tend à étendre la laïcité à la société entière, en faisant croire que la laïcité consiste à effacer tout signe religieux et toute conviction religieuse de l’espace public et à confiner la religion dans l’espace privé. En fait, on s’achemine vers un retour à la situation antérieure à l’invention de la liberté de religion où le pouvoir politique régentait tout l’humain, y compris la sphère que le christianisme lui a arrachée au profit de la liberté humaine.En France, depuis la Révolution il existe un courant visant à éradiquer le christianisme en lui substituant une religion séculière : culte de la Raison, de la République, etc. 

Gare à une religion civile...

Ces tendances se manifestent encore de nos jours où des ministres déclarent ouvertement vouloir introduire la laïcité comme « une religion pour la République » avec l’esprit républicain pour credo, les enseignants comme clergé. La religion redeviendrait ce qu’elle était avant le christianisme : une religion civile et un moyen pour le pouvoir de dominer entièrement les hommes. Il ne suffit pas de déclarer la liberté de conscience et la liberté individuelle d’avoir des opinions religieuses, si l’Etat tout-puissant ne reconnaît pas d’interlocuteurs qui prennent en charge la liberté de conscience et de religion. En ne reconnaissant pas d’interlocuteur chargé de cette dimension spirituelle, l’Etat a naturellement tendance à réinvestir le champ de la liberté intérieure pour formater des citoyens manipulables à l’envi.

(…) Il est absurde aujourd’hui de considérer les chrétiens comme des menaces à la République, à la liberté et aux droits de l’homme. Ils sont ceux qui s’engagent le plus dans les associations en défense des plus défavorisés et qui paient de leur personne pour plus de justice. De même il n’y a aucune contradiction entre la foi chrétienne et la recherche scientifique. La connaissance par la foi ne s’oppose nullement à la connaissance scientifique. C’est sur le terreau du christianisme que la méthode scientifique est née, tout comme la distinction entre la sphère religieuse et la sphère politique.

Garante du lien social

Ces courants n’ont pas compris que le lien social ne s’impose pas par l’idéologie, mais qu’il nait de la liberté. On admet généralement que les sociétés démocratiques vivent sur des principes qu’elles sont incapables de fournir et qui ont leurs racines dans des visions du monde et de l’homme irriguées par les religions. Le laïcisme antireligieux n’a rien appris des dérives totalitaires du XXe siècle. C’est déplorable. Nous affirmons que la doctrine sociale de l’Eglise offre un espace de liberté et de respect mutuel autrement consistant que les rêves d’enfermement des hommes dans des idéologies sans ouverture vers le haut. La laïcité ne doit pas devenir une religion séculière. La liberté de religion, comprise comme possibilité de chercher Dieu et la vérité, est garante du lien social."

Vous avez bien lu ? Le lien social ne s'impose pas par l'idéologie mais il nait de la liberté.
Rien à ajouter.


Michel HUVET






dimanche 3 mai 2015

CHURCHILL, REVIENS !



Ai-je eu tort de me taire depuis un bon mois ? Je le crois. Mais franchement, devant cette avalanche des valeurs perdues, ce durcissement d’un laïcisme intégriste, cette stupidité irradiante des médias qui font mine de cacher leur ignorance derrière une dérision absolument lassante et ridicule, devant ces politiciens qu’aucun drame humain ne régénère, je restai quelque temps sans voix.

Voilà que me revient cette leçon de morale qui date de mes années d’études philosophiques : "Ne rien faire, c’est laisser faire ce qu’on n’a pas voulu". Je n’ai donc moralement pas le droit de continuer de me taire. Et donc je crie, je tempête, j’enrage, je désespère même parfois.

Ces migrants engloutis sous la Méditerranée dans l’indifférence quasi-générale, ces enfants d’Irak massacrés parce que baptisés, ces pseudo-inspecteurs d’éducation qui bousculent l’enseignement des langues et de l’Histoire, ces querelles ridicules entre fanatiques de gauche et de droite, cette vision des futures SA des Le Pen, cette ville qui va devoir débaptiser sa "place Jean-Paul II", oui tout cela nous fait suffoquer.

Alors quoi ? La culture ? Là aussi, c’est Waterloo : suppression des crédits, annulation des festivals et des salons du livre, j’en passe et de bien plus graves. Je repense à Churchill – au fait saviez-vous qu’il obtint un jour le prix Nobel de Littérature ? – à qui on conseillait de diminuer les crédits culturels pour mieux soutenir l’effort d’armement et qui répondit : "Mais pour quoi croyez-vous qu’on se bat ?"

Churchill, reviens !



Michel HUVET