lundi 28 septembre 2015

MISSERY : LA RÉSISTANCE PAR LE THÉÂTRE


François Bourcier en scène (Photo La Dépèche)
C’est un trou de verdure où chante un grand espoir. C’est ainsi qu’à Missery, non loin de Précy-sous-Thil et de Saulieu, un petit village sous Mont-Saint-Jean, aux bords du Morvan, c’est là qu’un soir de septembre j’ai repris espoir dans l’homme.

Car ce monde de médiafolie aggravée où la pensée est annihilée par une télé de sourds-muets ou de clowns sans génie, de rumeurs plus que d’infos, de contre-vérités jamais démenties, de conso-penseurs affligeants par leur bave de lèche-culs politico-verbeux, ce monde qui dérape de partout, qui décroche de l’Histoire, ce monde, oui, je l’ai cru perdu.

Et voilà qu’un soir de septembre, dans une grange morvandelle où l’on mijote des lasagnes roboratives, installé sur des gradins improbables sous un toit de grange éventée – un lieu au beau nom de Cité du Verbe – un comédien exceptionnel, véritable Frégoli, qui s’appelle François Bourcier, endosse le costume de Hume, d’Aristote, du comte de Gobineau, des savants fous du XIX° et autres théoriciens des races, et nous fait vivre la lente construction de la pensée eugéniste qui a abouti au nazisme et à la solution finale.

Ils ont fait un rêve 

Tout d’un coup, quand ce spectacle hors du commun s’achève sur le I’have a dream de Martin Luther-King, on s’ébroue l’esprit et, en applaudissant la performance du comédien, on se surprend à ne plus être comme on était une heure et demie plus tôt, on se surprend à penser de nouveau, c’est un sentiment assez prodigieux.

Tout n’est donc pas achevé de la bêtise humaine ? Non, puisque des gens comme Jean-Louis Mercuzot (qui a réalisé cette grange-théâtre et se bat depuis cinq ans pour en faire un lieu culturel d’excellence) et François Bourcier (qui accepte de quitter Paris ou Avignon pour venir dans ce lieu improbable) sont bien vivants, bien décidés à poursuivre leur travail de résistance.

Evidemment, côté élus, on se soucie de Missery et de sa Cité du Verbe comme d’une guigne. Ce n’est pas étonnant.


Michel HUVET



jeudi 17 septembre 2015

RÉGIONALES BOURGOGNE : LE TEMPS DE LA VOITURE BALAI



On s’agite beaucoup en ce moment dans la nouvelle grande région Bourgogne-Franche-Comté. D’abord pour constituer des listes parce que le scrutin proportionnel et les listes par département limitent le nombre de places dites "éligibles".

Ça grince donc des dents à droite comme à gauche, François Sauvadet ou Marie-Guite Dufay réservant si l’on ose dire les bonnes places à ceux et celles qu’ils ont "ramassé" le long de la route des cantonales et, soit non réélus soit éliminés par le redécoupage, se sont retrouvés tout nus au printemps dernier. On songe, par exemple, à des personnes comme Joël Abbey (à droite, ancien conseiller de Pontailler) ou Patrick Molinoz (à gauche, ancien élu de Vénarey-les-Laumes).

La voiture balai des régionales ne peut ramasser tout le monde et donc, ça grince. Safia Okotoré, par exemple, encore vice-présidente de Bourgogne, ne se retrouve pas en place éligible sur la liste proposée par Michel Neugnot : elle hurle au scandale, annonce qu’elle quitte le ring PS car elle n’aime pas la présidente de Franche-Comté – le président de Bourgogne, François Patriat, qui a jeté l’éponge, la soutient du bout des lèvres – et qu’elle peut très bien, avec d’autres élus oubliés, constituer une liste dissidente.

À droite, Sauvadet montre sa haute taille dans tous les coins de Franche-Comté pour que là-bas, on s’habitue à sa tête de Philippe-le-Bon puisque c’est vraiment comme duc de BFC qu’il se voit désormais, clamant à cor et à cri son abandon de la Chambre des députés dès janvier, élu ou pas– il retournera sans doute à l’Assemblée si et seulement si Sarkozy retourne à l’Élysée – , et surfe sur les bons sondages de la droite pour allumer partout des propositions qui flirtent avec la démagogie verbale sous le regard apeuré des Républicains façon Joyandet qui rongent leur frein en coulisses.

Et pendant ce temps-là, au fait, des milliers de réfugiés sont dans l’attente de notre généreux sens de l’hospitalité : qui en parle dans ce début de campagne, qui ? Ah ! si, il y a François Patriat, qui allonge aux communes la somme de 1 000 € par famille accueillie, en sus de ce que l’État leur a promis.


Michel HUVET