mercredi 24 février 2016

FÊTES DE LA VIGNE À DIJON : COUCOU LES REVOILOU !

On les croyait défuntes, les revoilà ! Les Fêtes de la Vigne, qui furent à une époque aussi célèbres dans le folklore mondial que les Jeux Olympiques dans le sport mondial, sortent d’une torpeur de quinze longue années.

Retour en grâce 

En haut lieu dijonnais, sitôt arrivé au pouvoir, on s’est efforcé de rogner les subventions, d’assécher les trop-à-droite du Cellier de Clairvaux, de renvoyer le folklore au … folklore et de dégoûter une équipe de bénévoles qui avait trente ans de très bons et loyaux services.

Les revoilà donc, et d’abord par le biais de la communication. Une agence spécialisée a conçu un site internet – ça fait plus sérieux – et une affiche colorée et juvénile vient d’être exhibée. Voilà tout soudain le retour en grâce de ces fêtes qui, il n’y a pas si longtemps encore, étaient la seule manifestation capable, dans le Dijonnais, de faire sortir dans les rues une foule énorme : le défilé du dimanche était d’autant plus guetté que le festival offrait une occasion unique aux Dijonnais de “voir” ce qu’était la jeunesse de ces pays d’au-delà du rideau de fer.

Le prétexte du vin 

Si la Ville, tout soudain, se met à vouloir de nouveau appuyer sur le bouton “Fêtes de la Vigne”, c’est que, bien sûr, on découvre qu’on en a besoin, que cela ne déparerait pas dans le décor nouveau qui s’installe dans la capitale des Ducs avec la piétonnisation du centre-ville, le classement Unesco, la future dité de la gastronomie “et du vin”, voire la résurrection d’une Saint-Vincent purement dijonnaise.

Le Mur de Berlin est certes tombé. Mais l’heure est peut-être venue de faire venir facilement à Dijon quelques folklores plus orientaux, non ?

Michel HUVET

lundi 1 février 2016

GRANGE DU PRIEURÉ DE VITTEAUX : BACH PAR ROSBACH


Malgré la douleur du monde, le temps d’éternité vécu fin janvier dans l’inégalable Grange du Prieuré de Vitteaux a valu à la foule des mélomanes venus de partout un bonheur ineffable.

Thierry Rosbach faisait une fois encore honneur à l’Auxois en acceptant l’invitation de Jean-Louis et Martine Chastaing. Cette fois, le défi pianistique était énorme : donner l’intégrale des Variations Goldberg de Bach. Pour le coup, on avait chamboulé l’installation de Bösendorfer et celle du public qui l’entourait.

On sait que ces variations sont réputées "injouables", que Bach en a écrit la plupart pour deux claviers et que la somme qu’elles représentent sont au pianiste ce que l’Anapurna est aux alpinistes. Mais voilà : avec Thierry Rosbach, tout change. On n’est plus dans la virtuosité, on n’est plus dans l’admiration d’une vélocité digitale époustouflante, on est ailleurs, on est dans un souffle musical, dans une atmosphère délicieusement métaphysique, les variations sur cette aria cristalline s’enchaînant comme les planètes sur leurs orbites.

Tout-à-coup, Thierry Rosbach s’arrête, le temps d’avaler un verre d’eau, et voilà qu’avant la seizième variation et l’apparition du mineur, il lance un feu d’artifice depuis son clavier : il envoie vers le ciel un extrait lumineux d’une sonate de … Pierre Boulez et ce vent frais circulant dans la grange est aussi une main tendue par Bach sur les deux siècles qu’il entrevoyait (1748 / 1948) en écrivant ces Variations : Thierry Rosbach, alors, reprit les hallucinantes et nostalgiques variations qui terminent l’oeuvre dans une sorte d’état de grâce.

Bouleversant.

Michel HUVET