lundi 8 mai 2017

CHOEUR DE HAUTE-CÔTE-D'OR : UN GRAND CHEF ET UN SACRÉ ROSSINI !




Les mélomanes de haute Côte-d’Or ont eu la chance, deux fois dans une église (Semur collégiale et Montbard Saint-Urse) et une fois dans un théâtre (Châtillon-sur-Seine) d’entendre cette merveille indéfinissable, aussi liturgique que cocasse, aussi opératique que chambriste, qu’est la Petite messe sollennelle de ce diable de Rossini.

Les interprètes étaient des solistes et instrumentistes de haut vol (la plupart venus de la Maîtrise de Radio-France) entourés de ce chœur dit « de Haute-Côte-d’Or » qui ne cesse de grandir, d’étonner, de susciter louanges et que dirige aujourd’hui un très grand professionnel qui a le bonheur de posséder une résidence secondaire en terre d’Époisses, Jean-Christophe Hurtaud.

Dans ce théâtre châtillonnais où l’acoutique s’est révélée impeccable – elle est d’une finesse certes un peu sèche et ne pardonnant aucun défaut mais somptueusement agréable tant pour les artistes que pour le public –, cette œuvre « pied-de-nez » de l’auteur du Barbier de Séville a pris les couleurs d’une incroyable modernité. Cela est dû au chef, bien sûr, mais aussi au fait qu’il avait avec lui une pianiste très percutante comme Alberta Alexandrescu et surtout au fait qu’il avait remplacé le traditionnel harmonium par un accordéon diatonique (Michel Glasko), ce qui a ajouté comme un goût citronné aux tuttis délicats du chœur.

 Rossini et les chemins de traverse

On est ainsi passé par bien des chemins de traverse avec le signor Rossini : d’un kyrie tout en mélodismes doux-amers à un Gloria aux arias subtilement angéliques (tel le duo soprano-mezzo du Qui tollis) puis à un Credo démentiel où la foi se déclare en accents graves où se mêlent aussi bien Bach que Haydn, Mozart que Cherubini. Puis après un Amen gros comme un orage d’été, on enchaîna avec  un Sanctus éminemment serein avant un O salutaris chanté par la soprano (Claudine Margely) comme une très émouvante prière, pour conclure par un Agnus où se retrouvent mêlés tous les chemins empruntés depuis le début, avec des rimes sarcastiques au milieu des ineffables chœurs chantournés soutenant des solis puissants (1)et des promesses d’accords parfaits. Magique !

On a hâte de demander à Jean-Christope Hurtaud de revenir vite sur ces terres avec des œuvres nouvelles et ce Chœur de Haute-Côte-d’Or qui, quand il sera renforcé en ténors et alti, et qu’il travaillera vocalement encore plus qu’il ne le fait,  pourra sans crainte soutenir la comparaison avec les plus illustres.

Michel HUVET


(1) N’oublions pas, outre ceux déjà cités, les taments de Brigitte Vinson, mezzo, et Marc Pansek, basse

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