mardi 16 mai 2017

QUATUOR MANFRED : SUR LE TOIT DU MONDE MUSICAL


 
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J’ai déjà, ici, raconté comment le Quatuor Manfred avait désormais atteint la cîme de l’excellence. Il fallait sans doute ce 30° anniversaire pour que soit atteinte l’autre cîme, l’inatteignable perfection émotionnelle. Eh ! bien c’est fait depuis samedi dernier à Dijon, dans cette salle du Temple réformé – qui sonne juste, sans plus mais pas moins – où les quatre artistes aux cheveux blanchis ont retrouvé une jeunesse folle en jouant Schumann, Brahms et Tchaïkovsky.

Rarement, quasiment jamais – j’ai réécouté mes vieux CD ! – je n’avais entendu le Quatuor n°2 de Brahms comme nous avons pu l’entendre le 13 mai. Jamais. Pas même les quatre solistes du Quatuor qui ont avoué, après le concert, qu’il s’était effectivement "passé quelque chose" ! Ce qui me paraissait comme ennyeux chez Brahms m’est soudain apparu plein de sens, émouvant, passionnant, à l’instar de cet andante moderato à faire couler nos larmes sous les accents déchirants que noie une mélodie schubertienne sous un chromatisme métaphysique !

Et puis, voilà que Tchaïkovsky est appelé en renfort. On connaît mal le musique de chambre de ce géant chorégraphique mort trop tôt pour avoir bu de l’eau non potable. Avec le 2° Quatuor (fa majeur), on embarque pour la modernité la plus invraisemblable, l’atonalité même, et surtout des confidences de l’âme qui nous éloignent de toute référence au Lac des Cygnes voire à Eugène Onéguine. Non, ici, c’est le violon solo qui tente maintes fois de supplier le Ciel sous les flèches acérées qui le déchirent en variations inouïes.

Trente ans ! Les Manfred auront mis trente ans pour en arriver là, et c’est bouleversant.
 
Michel HUVET


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